Sagot :
Réponse :
Be safe - Xavier-Laurent Petit
Laure 11 Juin 2009 34 Livr'ados
Oskar, 16 ans, est un ado comme les autres, au sein d’une famille américaine, passionné de rock, il joue d’ailleurs de la basse et espère monter un groupe avec son frère aîné, Jeremy, 18 ans. Mais Jeremy, en quête d’un emploi, s’engage dans l’armée où il espère devenir constructeur de ponts. Le père semble peu enthousiaste face à ce départ mais ne dit mot.
Très vite, Jeremy se trouve confronté à une réalité qu’il n’avait pas pressentie : repéré comme excellent tireur, il ne construira jamais ses fameux ponts, mais se retrouvera sur le front et l’horreur de la guerre d’Irak.
Le roman est intelligemment construit : face à l’histoire légère d’Oskar qui vit sa vie d’ado et une histoire d’amour timide avec Marka (ils créeront d’ailleurs leur groupe de rock tous les deux) se trouve le contrepoint violent des emails de Jeremy à son frère. Si aux parents Jeremy envoie des lettres rassurantes, à son frère il ne cache pas la réalité de la guerre. Il termine chaque mail par la même phrase, leitmotiv des soldats : « be safe », qui signifie « reste en vie ».
Les personnages secondaires sont également intéressants, particulièrement le père, qui cache un secret vite découvert par ses fils : il a connu les horreurs de la guerre du Vietnam. Leur relation est vraiment bien vue, entre volonté de protéger et besoin d’expliquer quand même ce que fut sa réalité. La grand-mère, qui débarque de temps en temps avec ses romans d’amour à l’eau de rose, apporte une touche d’humour au roman, alors qu’elle y tiendra un rôle important plus grave. Et sans parler des amis et jeunes voisins qui ne reviendront pas forcément, de l’angoisse de leurs familles.
Roman engagé, qui allie à la fois simplicité de l’histoire occidentale d’Oskar (qu’on peut d’ailleurs trouver un peu édulcorée, idéaliste, peu crédible) et profondeur et gravité de la réalité irakienne de Jeremy. A noter que tout au long du roman, aucun lieu n’est cité, on pourrait très bien ne pas savoir où ça se passe, mais les éléments de l’histoire sont suffisamment limpides pour qu’on identifie très bien de quoi il est question.
Ce roman ado faisait partie de la sélection (avec 9 autres titres) du Prix des Lecteurs 13-16 ans de la Ville du Mans et du département de la Sarthe pour l’année scolaire 2008-2009. Près de 1800 collégiens ont lu les 10 ouvrages et voté, et le résultat a été proclamé hier au Palais des Congrès et de la Culture du Mans, en présence des principaux organisateurs : la médiathèque Louis Aragon (ville du Mans), l’association des 24 heures du livre, la Bibliothèque Départementale de la Sarthe, et pardon si j’en oublie… Relayé par les bibliothécaires, les documentalistes, les enseignants, nombreux étaient présents hier. Vous aurez bien évidemment compris que le prix de cette 12ème édition des Lecteurs 13-16 ans du département est allé à Be safe, de Xavier-Laurent Petit.
La 11ème édition avait couronné l’an dernier le combat d’hiver de Jean-Claude Mourlevat. Une chose est sûre : nos collégiens ont un goût sûr et sont réceptifs à la grande qualité littéraire des ouvrages proposés !
Après l’ouverture de quelques cadeaux et quelques échanges avec les collégiens qui l’ont interrogé sur son roman, Xavier-Laurent Petit a expliqué que ce prix était désormais le 14ème qu’il recevait pour be safe. (Et ce n’est sans doute pas terminé !). D’ailleurs, les collégiens d’à côté lui ont aussi attribué leur prix il y a quelques semaines à Sablé-sur-Sarthe. Preuve en est, si besoin était, que ce roman est excellent et a su toucher ses lecteurs.
Chaque année, la remise du Prix s’ouvre d’abord sur un spectacle (avant le suspens final !), et les tranches de vie proposées hier par le conteur Olivier Hedin et le musicien Jean-Baptiste Feuillet étaient particulièrement vivantes, drôles, et réussies. Même si elles vont à présent s’appeler Enfin tranquille ! (Cherchez pas, quel que soit le titre, on adore !) On serait bien restés plus longtemps en leur compagnie ! Plein d’infos sur son myspace : notamment si vous êtes du côté d’Aurillac cet été, ou dans l’ouest à l’automne.