Exercice 2
a Pourquoi des verbes sont-ils employés au présent dans ce texte autobiographique ?
b Donnez la valeur de chaque verbe conjugué au présent.
Ma mère accoucha à Saint-Malo d'un premier garçon qui mourut au berceau, et qui fut nommé
Geoffroy, comme presque tous les aînés de ma famille. Ce fils fut suivi d'un autre et de deux filles qui
ne vécurent que quelques mois.
Ces quatre enfants périrent d'un épanchement de sang au cerveau. Enfin, ma mère mit au
monde un troisième garçon qu'on appela Jean-Baptiste : c'est lui qui, dans la suite, devint le petit-
gendre de M. de Malesherbes. Après Jean-Baptiste naquirent quatre filles: Marie-Anne, Bénigne,
Julie et Lucile, toutes quatre d'une rare beauté, et dont les deux aînées ont seules survécu aux orages de
la Révolution. La beauté, frivolité sérieuse, reste quand toutes les autres sont passées. Je fus le dernier
de ces dix enfants. Il est probable que mes quatre sœurs durent leur existence au désir de mon père
d'avoir son nom assuré par l'arrivée d'un second garçon ; je résistais, j'avais aversion pour la vie.
La maison qu'habitaient alors mes parents est située dans une rue sombre et étroite de Saint-
Malo, appelée la rue des Juifs :cette maison est aujourd'hui transformée en auberge. La chambre où ma
mère accoucha domine une partie déserte des murs de la ville, et à travers les fenêtres de cette chambre
on aperçoit une mer qui s'étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils. J'eus pour parrain, comme
on le voit dans mon extrait de baptême, mon frère, et pour marraine la comtesse de Plouït, fille du
maréchal de Contades.
Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand, 1850.