Sagot :
voici l'histoire que mon fils a fait l'an dernier
ca passe pas je l'envoie en 2 fois
Trois coups de canon résonnèrent dans tout Kalamazoo. Décidément, cette soirée allait être mouvementée, pensa Zachary A. Il regarda le 4x4 de son collègue Robert L. « Blue Line » rouler vers le nord-ouest de la ville, puis Zack se dirigea vers le sud-ouest. C’est dans la partie occidentale de Kalamazoo que se trouvent les deux universités locales, perchées sur deux petites collines. Au pied de ces collines se trouvent les quartiers résidentiels, grandes maisons victoriennes, tout en couleur, avec les terrasses typiquement américaines. Et dans ces maisons, les étudiants en collocation ont l’habitude d’organiser des grandes soirées toujours bien arrosées, avec tant de monde que certains fêtards n’ont pas de place et se retrouvent sur le trottoir. Avant vingt-et-un ans, les jeunes savent bien qu’ils n’ont pas le droit de boire ou de fumer, mais comment résister à la tentation des aînés ? Les étudiants organisent des fêtes et les policiers comme Zack ou Blue y mettent fin, chacun est dans son rôle.
Ce soir, toutefois, est particulier. Premièrement, les coups de canon venant du Waldo Stadium ont indiqué que l’équipe locale de football avait gagné, donnant une raison supplémentaire, s’il en fallait une, pour que la fête se débride complètement. Et deuxièmement, ce soir est aussi Halloween. Quand les étudiants sont costumés, ils se croient invincibles… comme si en enfilant un costume de superhéros ils pouvaient réellement voler ! Cette nuit, plus d’un va se transformer en loup-garou et tout casser. Kalamazoo, The Zoo, comme on l’appelle. Zack va devoir remettre les fauves en cage.
Sur la route, Zack voit déjà un vampire et un clown avec des bouteilles suspectes dans les mains. Dès qu’ils aperçoivent la voiture de police avec son énorme pare-buffle, ils se précipitent sur le trottoir et attendent sagement le passage de Zack. Heureusement pour lui, la police est crainte des étudiants, surtout à Kalamazoo. C’est d’ailleurs pour ça que lui et Blue Line se permettent de patrouiller seuls. D’après une rumeur, il y a plusieurs années, un étudiant avait été tué par un flic, il aurait été jeté d’une fenêtre. Zack n’en sait pas plus, il est à Kalamazoo depuis à peine six mois et les collègues sont peu bavards à ce sujet. Même Blue Line, un ancien qui sait sûrement des choses, reste muet.
Zack était arrivé en haut de la colline où se trouve la Western Michigan University. Il sortit de la voiture et contempla la ville, il aimait monter ici lorsqu’il faisait des patrouilles du soir. Il pouvait repérer toutes les maisons bruyantes du quartier, le vent lui en apportait généralement des sons de basses, des vibrations, et des paroles de rap. Ce soir, une autre musique lui vint à l’oreille, une voix grave et lyrique. Cette voix était accompagnée d’un son de flûte, ou était-ce de l’orgue ? Zack n’entendait pas bien, il voulait en savoir plus. Il remonta dans son 4x4, baissa la fenêtre malgré le froid, et suivit la musique.
Il atteignit la limite sud du campus. Une grande étendue d’herbe s’étalait là, coupée très court et sans haie ni fleur. En contrebas, la première rangée de maisons résidentielles faisait surface, décorées avec quelques citrouilles grimaçantes. Au milieu de cette esplanade se dressait une maison isolée, c’est de là que venait le chant, qui rappelait à Zack un gospel. Le policier arrêta la voiture contre un côté de la maison pour ne pas être vu, sortit et observa. La bâtisse était haute de deux étages, beige, tout en bois. Aucune lumière ne sortait des fenêtres, seulement le chant. Lugubre.
Zack frappa à la porte, attendit. La musique s’arrêta mais rien ne bougea. Classique : un regroupement de personnes restant silencieuses pour faire croire à la police que la maison est vide ! Zack prit son pistolet en main et brusquement tourna la poignée de la porte. Elle était verrouillée. Zack fit le tour de la maison, toutes les pièces du rez-de-chaussée étaient fermées également. Il retourna du côté où il avait garé la voiture, il avait repéré une fenêtre au deuxième étage qui était grand ouverte. Il leva la tête… Là-haut ! Il vit du cadre de la fenêtre un visage qui dépassait, un jeune homme blanc avec le visage sévèrement amoché. Zack cria : « Police ! Il se passe quoi dans cette baraque ? Ouvre la porte ! » Le personnage le regarda puis se retira dans la pièce, obscure, sans dire un mot.