Bonjour,
Pourriez vous m'aider pour ces 2 question s'il vous plaît ?

1) Quel est le type de ce texte et de quoi parle-til ?
2) Rédiger une trace écrite sur l’intention de Gisèle Halimi et la cause qu’elle défend.

Texte: Gisèle HALIMI. Plaidoirie au procès de Bobigny (1972)

Jeune avocate engagée, Gisèle HALIMI défend des femmes auxquelles l’on reproche d’avoir avorté. Pour
atténuer leur peine, il faut évoquer des "circonstances atténuantes", ce qui revient à plaider coupable. Lors
du procès de Bobigny, en 1972, Gisèle Halimi refuse de demander pardon au nom de sa cliente, et fait ellemême
le procès de la loi liberticide de 1920 sur l'avortement. Marie-Claire Chevalier, qui a avorté après
avoir été violée, est acquittée. C’est une étape importante dans la marche vers la légalisation de
l’avortement en 1975.
Je ressens avec une plénitude jamais connue à ce jour un parfait accord entre mon métier qui est de plaider,
qui est de défendre, et ma condition de femme. (…) Si notre très convenable déontologie prescrit aux avocats
le recul nécessaire, la distance d’avec son client, sans doute n’a-t-elle pas envisagé que les avocates, comme
toutes les femmes, étaient des avortées, qu’elles pouvaient le dire, et qu’elles pouvaient le dire publiquement
comme je le fais moi-même aujourd’hui. (…) Ce que j’essaie d’exprimer ici aujourd’hui, c’est que je
m’identifie précisément et totalement avec Mme Chevalier et avec ces trois femmes présentes à l’audience,
avec ces femmes qui manifestent dans la rue, avec ces millions de femmes françaises et autres. Elles sont ma
famille. Elles sont mon combat. Elles sont ma pratique quotidienne. Et si je ne parle aujourd’hui, Messieurs,
que de l’avortement et de la condition faite à la femme par une loi répressive, une loi d’un autre âge, c’est
moins parce que le dossier nous y contraint que parce que cette loi à laquelle je dénie toute valeur, toute
applicabilité, toute possibilité de recevoir aujourd’hui et demain le moindre sens, que parce que cette loi est
la pierre de touche de l’oppression qui frappe la femme. (…) C’est toujours la même classe, celle des
femmes pauvres, vulnérables économiquement et socialement, cette classe des sans argent et des sans
relations qui est frappée. Voilà vingt ans que je plaide, Messieurs. (…) Je n’ai encore jamais plaidé pour la
femme d’un haut commis de l’État, ou pour la femme d’un médecin célèbre, ou d’un grand avocat, ou d’un
PDG de société, ou pour la maîtresse de ces mêmes messieurs. Cela s’est-il trouvé dans cette enceinte de
justice ou ailleurs ? Vous condamnez toujours les mêmes, les “Madame Chevalier” (…) Retournons aux
sources. Pour que Marie-Claire, qui s’est trouvée enceinte à 16 ans, puisse être poursuivie pour délit
d’avortement, il eut fallu prouver qu’elle avait tous les moyens de savoir comment ne pas être enceinte, et
tous les moyens de prévoir. Ici Messieurs j’aborde le problème de l’éducation sexuelle. Vous avez entendu
les réponses des témoins. Ce que je voudrais savoir, c’est combien de Marie-Claire en France ont appris
qu’elles avaient un corps, comment il était fait, ses limites, ses possibilités, ses pièges, le plaisir qu’elles
pouvaient en prendre et en donner ? Combien ? Très peu, j’en ai peur. (…) Je voudrais savoir combien de parents – et je parle des parents qui ont les moyens matériels et intellectuels de la faire – abordent tous les
soirs autour de la soupe familiale l’éducation sexuelle de leurs enfants. Madame Chevalier, on vous l’a dit,
n’avait pas de moyens matériels et elle n’avait pas elle-même reçu d’éducation sexuelle. (…) Pourquoi ne
pratique-t-on pas l’éducation sexuelle dans les écoles puisqu’on ne veut pas d’avortement ? Parce que nous
restons fidèles à un tabou hérité de nos civilisations judéo-chrétiennes qui s’opposent à la dissociation de
l’acte sexuel et de l’acte de procréation. Ils sont pourtant deux choses différentes. Ils peuvent être tous les
deux actes d’amour, mais le crime des pouvoirs publics et des adultes est d’empêcher les enfants de savoir
qu’ils peuvent être dissociés. (…) Supposez que Marie-Claire ait décidé d’avoir cet enfant. Pensez-vous
véritablement qu’elle aurait pu le garder, l’éduquer décemment, le rendre heureux et continuer de s’épanouir
elle-même ? (…) Dire que la loi, bonne ou mauvaise, est la loi, est un refus de prendre ses responsabilités, et
aussi – je le dis très franchement – ce n’est pas digne de ce que doit être la magistrature. (…) On vous dit que
vous devez “dire le droit”. Mais “dire le droit” n’a jamais voulu dire devenir une justice robot et se
désintéresser des grands problèmes de notre vie. (…) A-t-on encore le droit aujourd’hui en France, dans un
pays que l’on dit civilisé, de condamner des femmes pour avoir disposé d’elles-mêmes ou pour avoir aidé
l’une d’entre elles à disposer d’elle-même ? (…) Ce jugement de relaxe sera irréversible, et à votre suite, le
législateur s’en préoccupera.

Merci et bonne journée !


Sagot :

Réponse :

Il s'agit d'un discours. ce texte est argumentatif.

Les femmes ont trop longtemps vu leur destin réglé par des louis faites par les hommes. Même le corps de la femme est régi par des lois masculines. Heureusement, il y a maintenant des avocates. Elles plaident. Elles sont la voix des femmes d'aujourd'hui. Elles peuvent exprimer des revendications, exposer des situations dramatiques. Elles demandent que la loi change enfin.

Explications :