Sagot :
Réponse:
Elle est toute petite Rosalie, avec son grand béret noir. Dans un univers gris, postée face à la plaine, sa chevelure rousse réchauffe le paysage et cette première image d’Isabelle Arsenault témoigne de sa détermination et de sa solitude. Le récit de Timothée de Fombelle Capitaine Rosalie prend naissance dans cette contradiction entre « Rosalie », une toute petite fille, et pourtant « capitaine ». L’auteur installe son personnage, la voix de Rosalie s’impose d’elle-même. Elle raconte la classe, le maître, les élèves. Elle se situe dans cet environnement, trop petite pour être à l’école mais acceptée, grise et vive parmi les manteaux. Petit à petit, nous découvrons les raisons de sa présence et de la bienveillance du maître. Aussi légères que les traits de l’illustratrice, les paroles brèves et les réflexions habiles de Timothée/Rosalie nous installent dans la Première Guerre mondiale, un père soldat, une mère, ouvrière dans une usine de munitions, à la fois forte et fragile.
Dans cet univers bien cadré, l’intrigue se noue autour du talisman de Rosalie, un cahier mystérieux et de lettres envoyées du front. Quel est le projet de Rosalie ? Pourquoi déteste-t-elle ce que lui lit sa mère, des supposées lettres de son père au front ? Comment devient-on grande ? Le récit tisse des fils ténus entre le monde de la maison et celui de la guerre. L’école, ce tiers lieu intermédiaire, articule les espaces différents et organise aussi les rôles sociaux : le maître et son prestige, Edgar, le « mauvais » élève, Robert, le bon. La force de caractère de Rosalie, sa volonté de vérité illuminent ce récit tout autant que sa chevelure orange. Texte et illustration vibrent à l’unisson pour entraîner le lecteur jusqu’à la victoire finale qui n’est pas celle que l’on croit !