Sagot :
Réponse :
Maupassant est lu et apprécié dans le monde entier. Ses nouvelles donnent lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles.
Explications :
Ainsi, Leisha Ashdown-Lecointre (« Maupassant à l’écran : The Golden Braid (1990) de Paul Cox, adaptation filmique de La Chevelure ») et Noëlle Benhamou (« Il Diavolo (2005) d’Andrea Lodovichetti : du conte noir à la fable métaphysique ») étudient la transposition de deux nouvelles de Maupassant à l’écran.
L. Ashdown-Lecointre souligne qu’à la différence de l’adaptation fidèle de La Chevelure réalisée par Adonis Kyrou (faisant figurer M.Piccoli dans le rôle principal), le film de Cox étoffe nettement le texte de Maupassant, en multipliant les personnages et en ajoutant certains motifs (le tic tac de la pendule qui obsède le personnage principal, ou encore la figure chrétienne du confesseur, absente de La Chevelure) Cette interprétation n’a pas certes pas connu de succès en Australie où le « cinéma d’auteur est assez inconnu » ; toutefois, déclare Paul Cox dans une interview, « le film a eu un succès d’estime dans le reste du monde et cela m’a suffi ».
À la différence de l’Australie, l’Italie connaît une longue tradition d’adaptation de Maupassant. En 2005, A. Lodovichetti s’inscrit dans cette lignée en adaptant Le Diable. Sa version est fidèle à l’esprit du conte, au cadre spatio-temporel de la nouvelle, aux personnages et aux dialogues, mais le film, indique N. Benhamou, acquiert une valeur allégorique qui fait de lui une fable atemporelle. Introduisant une dimension métaphysique absente de la nouvelle, l’adaptation cinématographique devient ainsi une véritable recréation.
Mais si Maupassant est aimé et reconnu partout dans le monde, il ne fait pas l’unanimité en France. C’est ce que révèle l’étude de René Godenne (« Le monde de la nouvelle française du XXème siècle face à Maupassant »). Ce dernier propose en effet une série de citations critiques à l’égard de l’écrivain. Parmi celles-ci, les plus virulentes, note l’auteur de l’article, sont celles de deux nouvellistes du XXème siècle, qui revendiquent une rupture totale avec la tradition incarnée par Maupassant. « Pire encore » selon R. Godenne, est l’absence de référence au nouvelliste dans des recueils de nouvelles établies au XXème siècle. A l’inverse, les partisans de l’écrivain normand n’hésitent pas à multiplier les hyperboles concernant l’auteur. Si Maupassant est désormais globalement accepté et s’il figure dans les anthologies de nouvelles depuis les années 1980, il n’est pourtant jamais envisagé « en tant que nouvelliste » . « Et de se demander pourquoi on se contente de cette approche… » conclut R. Godenne.
Présentant des annexes insolites (une lettre pornographique, une dédicace et une lettre à une inconnue, télégrammes et cartes) et des études surprenantes, l’ouvrage dirigé par N. Benhamou a le grand intérêt de présenter un regard nouveau et enrichissant sur Maupassant et ainsi de réhabiliter une figure incontournable du patrimoine français, européen, voire mondial.