Sagot :
Mademoiselle Daguerre s'apprêtait, comme toutes les fins d'après-midi,
à sortir faire sa promenade. Elle
procédait toujours au même cérémonial devant sa coiffeuse et son grand miroir. Elle
se coiffait, rectifiait immanquablement une mèche folle, posait son imposant
chapeau, mettait sa capeline et finissait par se poudrer légèrement le nez. Ce
jour-là, elle décida de se passer de son équipage et préféra marcher de la
maison pour se rendre à sa destination favorite. Il n’y avait qu’au plus deux kilomètres
jusqu'aux jardins du Luxembourg mais elle se rendit vite compte qu’elle aurait
dû porter des bottines plutôt que de légers escarpins de soie. Le ciel se
couvrait, et la lumière était moins forte qu’à son départ. Elle se dit qu’elle était à mi-chemin et qu’il
était à présent ridicule de rentrer chez elle. Elle avait emporté ses carnets
de croquis dans son joli sac brodé mais n’avait pas pensé à emmener un
parapluie ! Alors que les premières
gouttes s’écrasaient lourdement sur le sol et révélaient les senteurs de la
terre, l’orage éclata, suivi d’une ondée féroce. C’est donc hors d’haleine que mademoiselle
Daguerre rentra chez elle, échevelée et trempée jusqu’aux os… tout comme ses
précieux carnets de croquis !