Ma bohème
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées;
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
Arthur Rimbaud
1.a. Quel est le verbe répété dans le premier quatrain ? b. Relevez d'autres passages du poème qui font écho à ce verbe.
2.a. Quel type de phrase observez-vous dans le premier quatrain et dans les tercets ? b. Quel sentiment le poète exprime-t-il ainsi ?
3. Vers 6,7,8 : a. Nommez les deux figures de style employées et expliquez oralement le sens de ces vers. b. Quelle vision du monde ces figures de style traduisent-elles ?
4. Quelle image de la nature Arthur Rimbaud donne-t-il dans le poème ? justifiez.
5.a. D'après vos réponses précédentes, quel sens du nom "Bohème" retiendriez-vous pour expliquer le titre ? b. Quelle est la classe grammaticale du déterminant dans le titre ? c. A quelle personne grammaticale le poème est-il rédigé ? d. Pourquoi, selon vous, Arthur Rimbaud a-t-il fait ces choix ?
Mon paletot soudain devenait idéal;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées!
Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur!
Arthur Rimbaud