Bonsoir, je recherche la thèse de ce texte :

De quelle surprise, en effet, ne doit point être saisi le citoyen vertueux, et le chrétien pénétré de cet esprit de charité tant recommandé dans l’évangile, lorsqu’il jette un coup d’œil sur l’univers passé ! Il y voit différentes religions évoquer toutes le fanatisme, et s’abreuver de sang humain.Ici, ce sont des chrétiens libres, comme le prouve Warbuton d'exercer leur culte, s'ils n'eussent pas voulu détruire celui des idoles, qui, par leur intolérance, excitent la persécution des Païens. Là, ce sont différentes sectes de chrétiens acharnées les unes contre les autres qui déchirent l’empire de Constantinople : plus loin, s’élève en Arabie une religion nouvelle ; elle commande aux sarrasins de parcourir la terre le fer et la flamme à la main. Aux irruptions de ces barbares, il voit succéder la guerre contre les infidèles : sous l’étendard des croisés, des nations entières désertent l’Europe pour inonder l’Asie, pour exercer sur leur route les plus affreux brigandages, et courir s’ensevelir dans les ables de l’Arabie et de l’Égypte. C’est ensuite le fanatisme qui met les armes à la main des princes chrétiens ; il ordonne aux catholiques le massacre des hérétiques ; il fait reparaître sur la terre ces tortures inventées par les Phalaris, les Busiris et les Néron ; il dresse, il allume, en Espagne, les bûchers de l’inquisition, tandis que les pieux espagnols quittent leurs ports, traversent les mers, pour planter la croix et la désolation en Amérique. Qu’on jette les yeux sur le nord, le midi, l’orient et l’occident du monde, par-tout l’on voit le couteau sacré de la religion levé sur le sein des femmes, des enfants, des vieillards ; et la terre, fumante du sang des victimes immolées aux faux dieux ou à l’être suprême, n’offrir de toutes parts que le vaste, le dégoûtant et l’horrible charnier de l’intolérance. Or quel homme vertueux, et quel chrétien, si son âme tendre est remplie de la divine onction qui s’exhale des maximes de l’évangile, s’il est sensible aux plaintes des malheureux, et s’il a quelquefois essuyé leurs larmes, ne serait point, à ce spectacle, touché de compassion pour l’humanité, et n’essaierait point de fonder la probité, non sur des principes aussi respectables que ceux de la religion, mais sur des principes dont il soit moins facile d’abuser, tels que sont les motifs d’intérêt personnel ?

Sans être contraires aux principes de notre religion, ces motifs suffisent pour nécessiter les hommes à la vertu. La religion des païens, en peuplant l’olympe de scélérats, était sans contredit moins propre que la nôtre à former des hommes justes : qui peut cependant douter que les premiers romains n’aient été plus vertueux que nous ? Qui peut nier que les maréchaussées n’aient désarmé plus de brigands que la religion ? Que l’italien, plus dévot que le français, n’ait, le chapelet en main, fait plus d’usage du stylet et du poison ? Et que, dans les temps où la dévotion est plus ardente et la police plus imparfaite, il ne se commette infiniment plus de crimes que dans les siècles où la dévotion s’attiédit et la police se perfectionne ?

C’est donc uniquement par de bonnes lois qu’on peut [p. 238] former des hommes vertueux. Tout l’art du législateur consiste donc à forcer les hommes, par le sentiment de l’amour d’eux-mêmes, d’être toujours justes les uns envers les autres. Or, pour composer de pareilles lois, il faut connaître le cœur humain ; et préliminairement savoir que les hommes, sensibles pour eux seuls, indifférents pour les autres, ne sont nés ni bons ni méchants, mais prêts à être l’un ou l’autre, selon qu’un intérêt commun les réunit ou les divise ; que le sentiment de préférence que chacun éprouve pour soi, sentiment auquel est attaché la conservation de l’espèce, est gravé par la nature d’une manière ineffaçable ; que la sensibilité physique a produit en nous l’amour du plaisir et la haine de la douleur ; que le plaisir et la douleur ont ensuite déposé et fait éclore dans tous les cœurs le germe de l’amour de soi, dont le développement a donné naissance aux passions, d’où sont sortis tous nos vices et toutes nos vertus.



Sagot :

En gros l'homme à fait des erreurs, mais l'Homme est né avec des vices comme avec des vertus, et  ce texte incite les lecteurs à caresser les vertus plutôt que les vices.

... Je crois.