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Je cherche la thèse de ce texte et le problème que soulève le texte svp :y a d'ailleurs un autre principe que Hobbes s's point sperqu et qui, ayant été donné à
Thomme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se
conserver avant la naissance de cet amour, tempère Tardeur qu'il a pour son bim-être par un
répugnance innée à voir souffrir son semblable. Je ne crois pas avoir aucune contradiction à craindes,
en accordant à l'homme la seule vertu naturelle, qu'ait été forcé de reconnaître le détracteur le plus
outré des vertus humaines. Je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets
& autant de maux que nous le sommes, vertu d'autant plus universelle et d'autant plus utile à Thomm
qu'elle précède en lui l'usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en domm
quelquefois des signes sensibles. [-]
Tel est le pur mouvement de la nature, antérieur à toute réflexion: telle est la force de la pitié
naturelle, que les moeurs les plus dépravées ont encore peine à détruire, puisqu'on voit tous les jours
dans nos spectacles s'attendrir et pleurer aux malheurs d'un infortuné tel, qui, s'il était à la place du
tyran, aggraverait encore les tourments de son ennemi. Mandeville a bien senti qu'avec toute leur
morale les hommes n'eussent jamais été que des monstres, si la nature ne leur et donné la pitié à
l'appui de la raison: mais il n'a pas vu que de cette seule qualité découlent toutes les vertus sociales
qu'il veut disputer aux hommes. En effet, qu'est-ce que la générosité, la clémence, humanité, sinon la
pitié appliquée aux faibles, aux coupables, ou à l'espèce humaine en général? La bienveillance et
T'amitié même sont, à le bien prendre, des productions d'une pitié conftante, fixée sur un objet
particulier: "car désirer que quelqu'un ne souffre point, qu'est-ce autre chose que désiret qu'il soit
beureux? Quand il serait vrai que la commisération ne serait qu'un sentiment qui nous met à la place
de celui qui souffre, sentiment obscur et vit dans l'homme sauvage, développé, mais faible dans
l'homme civil, qu'importerait cette idée à la vérité de ce que je dis, sinon de lui donner plus de force?
En effet, la commisération sera d'autant plus énergique que l'animal spectateur s'identifiera plus
intimement avec l'animal souffrant. Or il est évident que cette identification a dů être infiniment plus
étroite dans l'état de nature que dans l'état de raisonnement. C'est la raison qui engendre l'amour-
propre, et c'est la réflexion qui le fortifie; c'est elle qui replie l'homme sur lui-même, c'est elle qui le
sépare de tout ce qui le gêne et l'afflige: c'est la philosophie qui l'isole, c'est par elle qu'il dit en secret,
à l'aspect d'un homme souffrant: péris si tu veux, je suis en sûreté. Il n'y a plus que les dangers de la
société entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe, et qui l'arrachent de son lit. On peut
impunément égorger son semblable sous sa fenêtre, il n'a qu'à mettre ses mains sur ses oreilles et
s'argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l'identifier avec celui qu'on
assassine. L'homme sauvage n'a point cet admirable talent; et faute de sagesse et de raison, on le voit
toujours se livrer étourdiment au premier sentiment de l'humanité. Dans les émeutes, dans les querelles
des rues, la populace s'assemble, l'homme prudent s'éloigne: c'est la canaille, ce sont les femmes des
halles, qui séparent les combattants, et qui empêchent les honnêtes gens de s'entr'égorger
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est donc certain que la pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu
l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation mutuelle de toute l'espèce. C'est elle qui
nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir: c'est elle qui, dans l'état de
nature, tient lieu de lois, de moeurs, et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa
douce voix: c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard
infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs, c'est
elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée: "Fais à autrui comme tu veux qu'on te
fasse", inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus
utile peut-être que la précédente: "Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible". C'est,
en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la
cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes
de l'éducation. Quoiqu'il puisse appartenir à Socrate, et aux esprits de sa trempe, d'acquérir de la vertu
par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eût dépendu que
des raisonnements de ceux qui le composent."
Rousseau

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