Tu vas, toi que je vois, mon ombre, ô mon moi-même, Cherchant quelque épuisant et merveilleux bonheur, Mais l'espoir tremble, l'air est las, la vie a peur, Tu vas, ayant toujours plus aimé qu'on ne t'aime. 5 Plus aimé, ou du moins plus âprement aimé, D'une plus imminente et guerrière détresse. Alors lasse de voir comme tout cède et cesse, Tu recroises tes bras sur ton cœur refermé. Seule et pleurante auprès de ton âme orgueilleuse AOTu souffres la douleur de n'avoir pas d'égal, Pour le bondissement, pour le bien et le mal De ta chance maligne, ardente et périlleuse. Chaque jour te retrouve ayant tout oublié De l'inutile effort et reprenant haleine, A5 Pourtant tu n'auras pas les plaisirs de ta peine, Un détournant démon à ton sort est lié. Ayant eu moins de joie que tu n'as eu d'envie Tu chanteras l'Amour aux saisons enroulé, Peut-être fallait-il que pour bien en parler 20 Tu ne connusses pas le meilleur de la vie... Anna de Noailles, in L'Ombre des jours, 1902, p.78 dans l'édition de référence
Vous ferez le commentaire du poème d'Anna de Noailles en vous appuyant sur les axes suivants : I/ Une amoureuse intense aux élans toujours déçus II/ Une énonciation originale et une sublimation de la solitude par l'écriture poétique