Sagot :
Réponse :
Levez-vous donc orages et emmenez moi loin
Mon visage s'enflamme le vent dans mes cheveux
Agite mes pensées et je suis malheureux
Je ne sens plus la pluie de calme j'ai besoin
La nuit quand ma chaumière craque sous l'aquilon
Je regarde la lune qui se rit des nuages
J'imagine la mer et je vois des vallons
Et le rêve obsédant d'une femme adorée
Me remplit de désirs comme au sein du jardin
Où Eve et sa beauté Que le dieu a créée
Pouvait cueillir les fruits du soir jusqu'au matin
Mais le dégoût revient doublé d'une langueur
Mon existence vaine a perdu toute ardeur.
Explications :
"Levez-vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie !" Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
La nuit, lorsque l’aquilon ébranlait ma chaumière, que les pluies tombaient en torrent sur mon toit, qu’à travers ma fenêtre je voyais la lune sillonner les nuages amoncelés, comme un pâle vaisseau qui laboure les vagues, il me semblait que la vie redoublait au fond de mon cœur, que j’aurais la puissance de créer des mondes.
Ah ! si j’avais pu faire partager à une autre les transports que j’éprouvais ! O Dieu ! si tu m’avais donné une femme selon mes désirs ; si, comme à notre premier père, tu m’eusses amené par la main une Eve tirée de moi-même... Beauté céleste, je me serais prosterné devant toi ; puis, te prenant dans mes bras, j’aurais prié l’Eternel de te donner le reste de ma vie.
Hélas ! j’étais seul, seul sur la terre ! Une langueur secrète s’emparait de mon corps. Ce dégoût de la vie que j’avais ressenti dès mon enfance, revenait avec une force nouvelle. Bientôt mon cœur ne fournit plus d’aliment à ma pensée, et je ne m’apercevais de mon existence que par un profond sentiment d’ennui.