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Ils sont chics, Costumes de gala. Louise, tendue, marche vite. Jean-Claude, visage fermé, traîne
derrière. Escaliers, couloirs, ils cherchent un nom sur une porte.
LOUISE. - « Bravo », tu lui dis juste « bravo », c'est tout.
JEAN-CLAUDE. - (soupirs)
LOUISE. - Je ne te demande pas de te répandre en compliments, je te demande de lui dire juste
un petit bravo...
JEAN-CLAUDE. - Je ne peux pas.
LOUISE. - Tu ne peux pas dire « bravo » ?
JEAN-CLAUDE. - Non.
LOUISE. - Même un petit bravo ?
JEAN-CLAUDE. - Non.
LOUISE. - C'est quoi ? C'est le mot qui te gêne ?
JEAN-CLAUDE. - Non, c'est ce qu'il veut dire.
LOUISE. - Oh! ce qu'il veut dire, ce qu'il veut dire, si tu le dis comme « bonjour », déjà il veut
beaucoup moins dire ce qu'il veut dire.
JEAN-CLAUDE. - Ça veut quand même un peu dire « félicitations >>, non ?
LOUISE. - Oui mais pas plus. Vraiment pas plus.
JEAN-CLAUDE. - J'ai haï cette soirée, tu es consciente de ça, Louise ? J'ai tout détesté, les
costumes, les décors, la pièce et Elle, surtout Elle !
LOUISE. - Justement, comme ça tu n'es pas obligé de lui dire que tu n'as pas aimé, tu lui dis juste
« bravo », un petit bravo et c'est fini, on n'en parle plus, tu es débarrassé et moi j'enchaîne..
JEAN-CLAUDE. - Je n'y arriverai pas.
LOUISE. - Jean-Claude, tu as vu où elle nous a placés, au sixième rang d'orchestre, au milieu de
tous les gens connus, elle n'était pas obligée, on n'est pas célèbres, on est même le contraire, elle
fait ça pour nous faire plaisir.
JEAN-CLAUDE. - Je n'ai éprouvé aucun plaisir.
LOUISE. - C'est bien pour ça que je ne te demande pas de lui dire « merci », là d'accord,
« merci >> ça pourrait avoir un petit côté hypocrite surtout si tu t'es beaucoup ennuyé, mais
« bravo », franchement ! [...]
JEAN-CLAUDE. - Si tu dois continuer dis-le-moi tout de suite, parce que je te préviens, avec toi
ce ne sera pas comme avec Simone, je sors, je fous le camp et je ne reviens pas, tu m'entends,
Louise, je ne reviens plus jamais... je suis à bout...
LOUISE. - Tout ça parce que je te demande d'être poli avec ta belle-soeur !

JEAN-CLAUDE. - Parce qu'elle l'a été elle, sur scène ?! parce que c'est de l'art, c'est poli ? parce
que c'est classique, c'est poli ? parce que ça rime, c'est poli ? C'est ça ?
LOUISE. - Tu n'es quand même pas en train de m'expliquer que Racine(1) est mal élevé?!?
JEAN-CLAUDE. - Ta soeur m'a torturé, Louise, tu m'entends, torturé pendant toute la soirée.
LOUISE. - Ah oui ! ça j'ai vu, tu l'as regardée ta montre !
I
JEAN-CLAUDE. - Tout le temps ! À un moment même j'ai même cru qu'elle s'était arrêtée,
pendant sa longue tirade avec le barbu. Je me suis dit, la garce elle nous tient, huit cents
personnes devant elle, coincées dans leur fauteuil, elle nous a bloqué les aiguilles pour que ça &
plus longtemps. Je ne sais pas comment j'ai tenu, je ne sais pas...
Ribes Théâtre sans animaux , 2001
(1) Racine est un dramaturge (auteur de pièce de théâtre) qui a écrit des tragédies
classiques au XVIIe siècle (c'est-à-dire des pièces tristes dans lesquelles le héros au
destinée funeste).
DM : Pourquoi les adultes se disputent-ils?


Sagot :

Réponse :

bonjour

Explications :

Les adultes, Louise et Jean-Claude se disputent sur le sens à donner au mot "bravo"

Jean-Claude enteend que "bravo" veut dire félicitations", et il n'aime pas sa belle-soeur ("je la déteste) et il n'a rien aimé dans ce spectacle, ni les décors, ni les costumes, ni la pièce , bref il n'a rien aimé. Il s'est ennuyé, il regarfait sa montre inlassablement. Il n'a éprouvé aucun plaisir d'être assis à la place retenue par sa belle-soeur, au milieu de gens connus.

Il ne peut pas dire "bravo" parce qu'il est déçu de tout ce qu'il a vu.

Louise essaie de le convaincre du contraire en argumentant.

On peut dire qu'à  partir d'une situation banale, ( sens donner au mot "bravo") un élément parvient à tout faire basculer.