Sagot :
Les années 1960 sont un tournant dans les relations internationales pour plusieurs raisons :
En premier lieu, elles inaugurent une période de détente entre les blocs occidental et soviétique. La crise de Cuba en 1962, qui a vu le monde au bord de la guerre nucléaire, a fait prendre conscience aux dirigeants que l'emploi, ne serait-ce que d'une fraction des armes nucléaires dans leur arsenal risquerait d'avoir des conséquences désastreuses pour l'ordre international. Il se succède dès lors une période de contrôle des armes nucléaires (adoption du traité de non-prolifération en 1968).
En second lieu, les années 1960 voient l'émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale. Il s'agit d'une part de nouveaux États du fait du mouvement de décolonisation. L'Algérie devient indépendante en 1962, tandis que l'Empire britannique est progressivement dépecé (Indépendance du Sierra Leone en 1961, du Yémen en 1967). Il s'ensuit une augmentation du nombre d'États représentés à l'Assemblée générale des Nations Unies ce qui modifie les rapports de force. D'autre part, il s'agit de l'émergence de nouveaux acteurs sur la scène internationale. En effet les organisations non-gouvernementales (ONG) occupent une place croissante dans l'ordre international. La création des Médecins sans Frontières (1967), pour répondre à la situation critique dans le Biafra au Nigéria, atteste de cette évolution.
Enfin, les années 1960 se traduisent par un affaiblissement de l'influence des superpuissances au sein de leur bloc respectif : la Chine de Mao Zedong, fortement critique de la déstalinisation, se distancie de l’URSS. L’URSS soutient l’Inde lors du conflit sino-indien en 1962, tandis que les troupes soviétiques et chinoises s’affrontent sur l’Oussouri en 1969. Du côté des Américains, l'intervention au Vietnam est fortement critiquée par les puissances occidentales, y compris au sein des États-Unis même. De Gaulle, dans son discours de Phnom Penh (1966), défend le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, critiquant ainsi de façon indirecte la présence de l'Armée américaine. De même, le retrait de la France de l'OTAN la même année constitue un affront à l'unité du bloc occidental. Cette période voit aussi la montée en puissance du mouvement des non-alignés, dont la première conférence a lieu en 1961. Ce mouvement, qui trace ses origines dans la conférence de Bandung en 1955, rejette la logique des blocs.