Bonsoir , pouvez vous m'aidez svp .« J'avais déjà prés de neuf ans lorsque je tombai amoureux pour la première fois. Je fus tout entier aspiré par une passion
violente, totale, qui m'empoisonna complètement l'existence et faillit même me coûter la vie. Elle avait huit ans et elle
s'appelait Valentine. Je pourrais la décrire longuement et à perte de souffle, et si j'avais une voix, je ne cesserais de
chanter sa beauté et sa douceur. C'était une brune aux yeux clairs, admirablement faite, vêtue d'une robe blanche et elle
tenait une balle à la main. Je l'ai vue apparaitre devant moi dans le dépôt de bois, à l'endroit où commençaient les
orties, qui couvraient le sol jusqu'au mur du verger voisin. Je ne puis décrire l'émoi qui s'empara de moi : tout ce que je
sais, c'est que mes jambes devinrent molles et que mon course mit à sauter avec une telle violence que ma vue se
troubla. Absolument résolu à la séduire immédiatement et pour toujours, de façon qu'il n'y eût plus jamais de place pour
un autre homme dans sa vie, je fis comme ma mère me l'avait dit et, m'appuyant négligemment contre les bûches, je
levai les yeux vers la lumière pour la subjuguer Mais Valentine n'était pas femme à se laisser impressionner. Je restai là,
les yeux levés vers le soleil, jusqu'à ce que mon visage ruisselât de larmes, mais la cruelle, pendant tout ce temps-là
continua à jouer avec sa balle, sans paraitre le moins du monde intéressée. Les yeux me sortaient de la tête, tout
devenait feu et flamme autour de moi, mais Valentine ne m'accordait même pas un regard. Complètement décontenance
par cette indifference, alors que tant de belles dames, dans le salon de ma mère, s'étaient dûment extasiées devant mes
yeux bleus, à demi aveugle et ayant ainsi, du premier coup, épuisé, pour ainsi dire, mes munitions, j'essuyai mes larmes
et, capitulant sans conditions, je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. Elle les accepta
et m'annonça, comme en passant: -Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste. C'est ainsi que mon
martyre commença.»
ROMAIN GARY,La Promesse de l'aube, édition Folio, 1960
Orties : plante piquante, irritante
subjuguer : séduire, charmer
Questions :
1. Pourquoi peut-on dire qu'il s'agit d'un texte autobiographique ? Relevez différents indices, reprenez le cours.
2. « Absolument » : Expliquez la formation de ce mot en le décomposant, donnez sa nature ou classe grammaticale et
donnez un synonyme de ce mot
8. Récrivez le premier paragraphe, de « J'avais près de neuf ans » à « me coûter la vie. » en remplaçant « je » par « elle »,