Sagot :
Explications:
D’être trop portés, trop arborés, ils perdent leur forme et sont réduits à l’état de loque. La célèbre harangue de Victor Hugo est citée tant et plus, brandie en étendard, jetée dans les discours et sur le papier comme un gage de grandeur d’âme (et les mouvements annoncés pour cet automne de désespoir et de colère vont immanquablement lui ôter un peu plus de sa force). Il n’est rien de plus dangereux que les concours de bonne conscience, surtout quand ils se nourrissent du désarroi des plus faibles.
D’autant que cette phrase, témoin de ce que fut l’immense ambition de l’école républicaine française, sert aujourd’hui de paravent pour masquer sa grande misère. Son usage immodéré relève surtout d’un malentendu, ou plutôt d’un authentique anachronisme. Car elle est utilisée pour justifier la poursuite des mêmes aberrations pédagogiques qui ont miné l’école depuis plus de trente ans, et réclamer toujours plus de moyens jetés à fond perdus dans un navire en perdition. «Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons» ce beau cri du cœur est devenu le plus triste des chantages : «Par la magie du nombre, la magie du budget, vous luttez contre la délinquance et les inégalités, vous luttez contre la misère et les injustices. Qui n’en convient pas est un complice des exploiteurs.» Mais s’y lit également une curieuse pétition de principe libertaire : «Il faut fermer les prisons, toutes les prisons, car l’éducation – et même la rééducation – est la solution.» Et qui n’adhèrerait pas à cette croyance est coupable – le terme est à la mode – de «dérive sécuritaire».