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Bonjour, j’ai une dissertation à rédiger sur la question suivante: « a-t-on le droit de mentir? » J’ai déjà rédigé ma première partie portant sur « la conception selon laquelle la vérité est un devoir. » Mais je ne trouve aucun argument pour ma deuxième partie où je souhaite expliquer que le mensonge peut être nécessaire dans certaines circonstances. Pourriez-vous m’aider svp?

Sagot :

Bonjour

Si on comprend qu'il est moral de louer l'honnêteté et de condamner le mensonge, on comprend aussi qu'on puisse préconiser ce dernier s'il met en péril la cohésion sociale. Force est de reconnaître qu'un devoir coupé de son contexte et respecté aveuglément peut conduire au pire. C'est pourquoi il est bon que l'on s'interdise de rappeler à l'ami une faute ancienne, ou que l'on s'oblige à mentir à un criminel qui nous demande où se trouve l'homme qu'il poursuit. Mais ici, on veillera à ne pratiquer qu'un mensonge nécessaire. Il n'est donc pas recommandé de toujours mentir en faisant, par exemple, de toutes relations sociales une comédie permanente. Il faut que l'on puisse continuer de croire qu'au-delà des codes et des règles de savoir-vivre, il y a une place pour les amitiés sincères.

Aucune société humaine basée sur les contrats, rappelle Kant, ne peut exister si aucune valeur ne peut plus être accordée à la parole donnée. Et si je crois m'en sortir en arguant que mon mensonge profite à tel individu, j'oublie peut-être trop facilement qu'il nuit en réalité à toute l'humanité, puisque je contribue à détruire ce par quoi, seulement, une entente entre les hommes peut exister. Aussi, s'interdire de mentir, dit Kant, est "un commandement de la raison qui est sacré, absolument impératif" qui ne souffre aucune exception. Nous voilà bien avancés! Et il semble bien que notre réflexion, en définitive, nous ait conduit à une aporie.

L'’honnêteté est une vertu et que respecter le règle qui interdit de mentir crée un climat social de confiance qui sert, finalement, l’intérêt de chacun. Nous tolérerons cependant des exceptions lorsque le mensonge est au service d’un intérêt légitime. Mais nous serons vigilants car, reprenant la mise en garde de J S Mill : "Pour que l'exception ne soit pas élargie plus qu'il n'en est besoin et affaiblisse le moins possible la confiance en matière de véracité, il faut savoir la reconnaître et, si possible, en marquer les limites". C'est peut-être une réponse que nous pourrions faire à Kant: trouver le moyen de sauver la règle qui condamne le mensonge en fixant clairement les limites dans lesquelles on pourra s'y soustraire. Il faudrait pour cela définir à quelles conditions un homme peut revendiquer un droit de savoir et par suite, l'interdiction qu'on lui mente.

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