Sagot :
Bien loin de l’image éternelle du paysan français et d’une ruralité rassurante, le monde agricole est au contraire traversé par de fortes tensions liées à l’insertion des espaces productifs agricoles dans la mondialisation.
La France est toujours une grande puissance agricole, deuxième dans l’Union européenne (UE) et quatrième exportateur mondial, mais encore première pour la productivité. L’agriculture ne représente que 2,3 % du PIB (mais 6,5 % si l’on ajoute les industries agroalimentaires) pour 3 % de la population active. Les produits bruts de l’agriculture sont transformés par de puissantes industries agroalimentaires, secteur fortement exportateur, notamment au travers de grands groupes transnationaux, comme Danone.
La politique agricole commune, instituée par l’UE, et la mondialisation ont poussé les agriculteurs à la modernisation de leur système de production. L’agriculture productiviste est fortement consommatrice de matériels, d’intrants (engrais, produits phytosanitaires), de techniques (irrigation, suivi satellite), de capitaux, de recherche (semences hybrides, agronomie). La recherche de la compétitivité a poussé à une spécialisation des espaces productifs.
Chaque terroir valorise ses avantages comparatifs : grande culture à dominante céréalière dans le bassin parisien, élevage intensif en Bretagne, viticulture en Bourgogne, dans le Bordelais, en Champagne. L’agriculture productiviste a cependant conduit à des excès : pollutions, surconsommation d’eau, crises sanitaires (maladie de la vache folle ou grippe aviaire).
Les régions les plus intégrées dans la mondialisation, compétitives et exportatrices (grande céréaliculture, élevage industriel, vignobles de renom), comptent des exploitations de grandes dimensions, aux revenus souvent élevés, mais exposées à la concurrence étrangère, celle du poulet brésilien par exemple. Les espaces peu insérés dans les réseaux de la mondialisation, en revanche, se marginalisent progressivement. Les exploitations sont de plus petites dimensions, les revenus plus faibles, les cultures moins spécialisées (polyculture). Certains de ces espaces connaissent cependant parfois une certaine revitalisation, à travers le développement de labels, de filières courtes ou du tourisme vert.
Les espaces productifs agricoles français sont donc mis sous forte tension par les processus mondialisés, qui en accentuent les différences, les spécialités, les inégalités.