Sagot :
En dehors de la dureté des conditions alliées, la vigueur de la réaction résultait des illusions entretenues par l’opinion allemande.
Ces illusions tenaient d’abord aux conditions de l’armistice du 11 novembre, intervenu alors que le territoire allemand était inviolé et que la référence aux quatorze points de Wilson pouvait laisser espérer un traité de paix équilibré, sans vainqueur ni vaincu. Le retour des armées du front, présentées comme invaincues, ne pouvait que renforcer cette attente d’une paix de compromis. Comme nous l’avons remarqué, cette mise en valeur des unités rapatriées du front répondait à un objectif ambigu[2]: dans l’immédiat, il s’agissait pour Groener et le haut-commandement de restaurer la discipline de soldats sollicités par le mouvement révolutionnaire, mais très vite s’en dégageait l’affirmation d’un déni de défaite qui se trouvera « aux racines du mal », selon l’expression de Pierre Jardin