Sagot :
Je l'avais revue, la robe blanche était devenue noire, et la balle un sac à main de luxe. Le temps était passé sur son visage mais loin de lui apporter quelques rides, il lui avait apporté un charme supplémentaire. Comme vingt ans auparavant je sentis mon coeur fondre sur ce trottoir en face de la boulangerie. Je m'avancai vers elle, tentant de cacher ma nervosité. L'adulte que j'étais avait disparu pour laisser place à l'enfant et ses pauvres pommes. Je toussotai pour me donner une certaine contenance et lui dit simplement :
- Valentine ?
Elle se retourna vers moi, surprise. Ses yeux me detaillerent quelques secondes puis un sourire s'accrocha sur ses lèvres : elle m avait reconnu.
- Tu te souviens de moi ?
- Bien sûr, monsieur aux pommes.
- J'étais fou amoureux de toi à cette époque là.
Elle m'offrit un sourire triste en seule réponse. Je voulai disparaître, mes jambes voulaient se dérober, mon coeur voulait s'arrêter un instant.
- Je suis désolée, j'étais une enfant à la recherche du moindre amour que je pouvais trouver. Je cherchais toujours plus. Vous mettre en compétition était le meilleur moyen de trouver ce que je cherchais.
- Il fallait que jeunesse se fasse, répondis-je en riant en guise d'acceptation de ses excuses.
Elle fit mine de devoir partir. Je fis comme si j'avais un rendez-vous aussi. Nous nous separames une fois de plus, cette fois-ci mon coeur était apaisé.