Sagot :
Réponse:
L'origine (du latin origo, « la source ») est au premier abord le moment initial de l'apparition d'une chose, c'est-à-dire la naissance historique de cette chose, le commencement de cette chose. Cependant, cette définition délaisse l'aspect logique et dynamique de ce mot. Ainsi, l'origine est également l’ensemble des phénomènes obéissant à des lois qui expliquent l'apparition et le développement des choses. Ce qui pose des problèmes d'ordre philosophique:
« Si par origine on entend un premier commencement absolu, la question n’a rien de scientifique et doit être résolument écartée… Tout autre est le problème que nous posons. Ce que nous voudrions, c’est trouver un moyen de discerner les causes, toujours présentes, dont dépendent les formes les plus essentielles de la pensée et de la vie religieuse. Or ces causes sont d’autant plus facilement observables que les sociétés où on les observe sont moins compliquées. Voilà pourquoi nous cherchons à nous rapprocher des origines », écrit Durkheim[1].
Dès lors, il est préférable de distinguer l'origine du commencement. Dans ce cas :
L'origine correspond aux processus constitutifs expliquant l'apparition des objets[2]. L'origine pose la question du comment des choses.
Le commencement est la manifestation spatiale et temporelle de la naissance de ces objets[2]. Le commencement pose la question du pourquoi des choses.
Ainsi, dans l'histoire du questionnement de l'origine, les notions d'origine et de commencement qui sont d'abord deux conceptions philosophiques similaires ont, à partir du xvie siècle, grâce aux découvertes scientifiques de Newton sur la gravitation, tendance à se séparer et devenir de plus en plus indépendantes. La notion du commencement va aller aux théologiens, idéalistes, créationnistes... tandis que la notion de l''origine va aller à la philosophie matérialiste et aux sciences. Cependant, le développement des résultats empiriques des sciences redécouvre le commencement mais de façon objective et immanente. Ainsi « Plus les sciences progressent dans la compréhension du commencement de tel ou tel objet, plus le caractère abstrait de la thèse matérialiste concernant l'origine s'amenuise, à mesure que celle-ci puise ses arguments dans les résultats de la connaissance empirique. À terme la philosophie matérialiste dépérira derrière les théories du commencement, qui montreront comment le principe logique (l'origine) et la naissance historique (le commencement) ne font qu'un dans la réalité. La représentation immanentiste de l'origine ne sera alors plus qu'une redondance. »[3]