Sagot :
Réponse : Dystopie
Au début, les électeurs étaient ravis, les enfants surtout. A l'école, on allait privilégier l'oral, on apprendrait à parler et d'ailleurs on n'aurait pas beaucoup d'effort à faire puisque tout serait au tableau, on répéterait en choeur des phrases toutes faites et faciles à mémoriser. Pas besoin de s'encombrer des nuances d'un vocabulaire trop riche. L'essentiel était de bien prononcer en cadence et tous ensemble. Une autre innovation qui en séduisait plus d'un, il n'y aurait plus de livres à porter dans le cartable, d'ailleurs plus de cartable. On n'aurait plus de romans à lire et le plus extraordinaire, c'est qu'on n'écrirait plus donc plus de dictée, plus de ratures, plus de zéros. Des formules, certains réfractaires au début, parlaient de slogans, étaient affichées partout, on ne risquait pas de les oublier. Les premiers contestataires disparurent assez vite, il paraît qu'ils étaient employés à brûler les bibliothèques. On ferma les imprimeries, les marchands de journaux fermèrent l'un après l'autre.
Pour distraire le peuple désormais libéré des études, on apprit le chant, des chants entraînants. On défilait ensemble pour avoir du courage. C'était beau à voir des rangées d'illettrés chantant à tue-tête :
Nous marchons tous ensemble
Nous chantons tous ensemble
Le danger vient des livres
Pas besoin d'eux pour vivre
Evitons de penser
Gardons l'esprit léger
Le danger vient des livres
Pas besoin d'eux pour vivre
Explications :