Sagot :
Réponse :
Bonjour
Explications :
− Le poète : Pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? Pourquoi tant de mépris, pourquoi tant de méchancetés à mon égard. Je ne vous ai rien fait de mal. En quoi le poète peut-il vous déranger ?
− L’homme d’équipage : Vous ne nous dérangez pas, vous nous irritez ? À quoi servez-vous donc sur cette terre ? À rien. Vous êtes là, à rêver, à ne rien faire, les cheveux dans le vent et les yeux dans le vague. Vous errez l’air triste. Mais vous ne faites rien !
− Le poète : Mais si, je pense, je réfléchis…
− L’homme d’équipage : C’est bien ce que je dis, vous, les poètes, vous ne faites rien. Nous, les autres hommes, croyez-vous que l’on peut flâner comme cela toute la journée ? Qui nourrirait notre famille ? Qui rapporterait de l’argent pour nos femmes, afin qu’elles achètent le nécessaire pour vivre ? D’où croyez-vous que provient le pain que mangent mes enfants ? De mon travail, Monsieur ! Oui, je suis un homme d’équipage, je vis la moitié du temps sur un bateau pour que mes enfants grandissent et qu’ils aient la santé. Ils mourraient de faim, les pauvres, si je me mettais à faire des vers…
− Le poète : Je dois reconnaître que vous avez raison. La poésie n’est pas une activité lucrative. Pourtant, elle est essentielle. Elle est essentielle car elle touche l’âme, elle est essentielle car elle fait réfléchir et qu’elle fait aussi voyager.
− L’homme d’équipage : Je voyage assez par mon métier. Je n’ai pas besoin de vos fadaises inutiles qui, de toute façon, ne parlent qu’aux gens riches et bien nourris, qui attendent les pieds dans leurs pantoufles que tombent les recettes de leurs rentes.