Soleils couchants
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !
Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.
Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !
Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne, 1831
bonjour pourriez vous m’aider sur quelque question ?


Soleils Couchants Le Soleil Sest Couché Ce Soir Dans Les Nuées Demain Viendra Lorage Et Le Soir Et La Nuit Puis Laube Et Ses Clartés De Vapeurs Obstruées Puis L class=

Sagot :

Bonjour !

A) Ce sont des vers de 12 syllabes, donc des alexandrins :

"Le/ so/leil/s'est/cou/ché/ce/soir/dans/les/nu/ées" => 12 syllabes.

B) Rimes en ABAB, donc des rimes croisées.

C) Comparaison : "Comme un hymne confus des morts que nous aimons" (introduit par l'outil de comparaison "comme") => comparaison entre les jours qui passent et un "hymne confus des morts"

Métaphore : "Ils passeront en foule" => métaphore des jours qui passent comme une foule de personne / "Les fleuves d'argent" : métaphore.

Compréhension :

1) Le poète contemple le soleil qui se couche. Cette contemplation amène une réflexion sur les jours qui passent, se suivent et donc sur le temps et la vie qui passe, sur la venue de la mort.

2) Les mots qui évoquent le passage du temps : "s'est couché ce soir", "Demain", "viendra" (verbe au futur), "Puis l'aube", "Puis les nuits", "Puis les jours", "s'enfuit", "passeront" => ce qu'on peut remarquer ? Répétition de l'adverbe "Puis" (anaphore) => marque la répétition. Verbes au futur. Les jours forment un cycle.

3) Relevé des mots de la nature : "mers", "monts", "fleuves", "forêts", "eaux", "montagnes", "bois", "fleuve", "campagnes" : utilisation du pluriel => montre que la nature est abondante, éternelle, inépuisable malgré le temps qui passe.

4) A travers ces vers, Hugo représente le renouvellement perpétuel => locution adverbiale "sans cesse" (constamment) + enjambement.

5) Le thème de la dernière strophe est la mort. Et je pense que le terme qui entre en opposition avec tout ce qui vient d'être décrit est "refroidi" => qui suggère la mort (par opposition avec la nature éternelle + les jours qui passent comme un cycle perpétuel et infini + "refroidi" entre en opposition avec "soleil").

Lecture approfondie :

6) Mots répétés dans la 1ère strophe : "soir" + "nuit" => leur rôle dans la construction de la phrase ? Souligner l'alternance de la nuit qui tombe, et du jour qui se lève => cycle. Les mots se font échos également + évoque la fuite du temps.

7) Répétition : "jours" + "sur la face" + "monts" + "fleuves" + "mers".

8) Effet produit par ces répétitions : temps et nature inépuisables, éternels, infinis + fuite du temps qui glisse sur cette nature éternelle, échos entre temps et nature + temps cyclique + renouvellement des saisons.

9) Rythme des strophes : on remarque que les vers sont coupés en 6/6 =>  césure à l'hémistiche => régularité qui entre en résonance avec le temps cyclique, constant, régulier, qui passe.

10 ) Expressions qui évoquent la fuite du temps :

- "Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !"

- "Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule"

- "le fleuve des campagnes / prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers"

- "Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux"

Fiouuu ce fut long ! J'espère t'avoir aidé ! Bonne journée :)