Sagot :
Réponse :J ai trouver sa, si sa peux aider.
L’accueil est plutôt favorable6, certains voyant en Antigone l’allégorie de la nécessaire rébellion contre l'ordre injuste8,5. Simone Fraisse écrit que l'esprit de la Résistance s'est reconnu en elle9.
Antigone rencontre un grand succès public5, surtout compte tenu des conditions difficiles dans lesquelles avaient lieu les représentations (théâtre non-chauffé, coupures de courant, etc.)10. Anouilh se rappelle que la salle était pleine tous les soirs, il y avait beaucoup d’officiers et de soldats allemands. Que pensaient-ils ? Plus perspicace, un écrivain allemand, Friedrich Sieburg, l’auteur de Dieu est-il Français ?, alerta, m’a-t-on dit, Berlin, disant qu’on jouait à Paris une pièce qui pouvait avoir un effet démoralisant sur les militaires qui s’y pressaient. Barsacq fut aussitôt convoqué à la Propagandastaffel où on lui fit une scène très violente, l’accusant de jouer une pièce sans avoir demandé l’autorisation. C’était grave. Barsacq fit l’imbécile innocent, la pièce avait été autorisée en 1941 – il montra son manuscrit tamponné et on retrouva le second exemplaire dans le bureau voisin. Les autorités allemandes ne pouvaient pas déjuger sans perdre la face. On lui suggéra cependant d’arrêter la pièce10,N 3.
La presse généraliste exprime son enthousiasme quant à la réécriture d'un classique tel qu'Antigone. Dans L'Illustration, Olivier Queant estime que depuis Racine, l’on avait rien écrit d’aussi beau, d’aussi grand et d’aussi profondément humain11, alors que Jean Sauvenay ajoute dans Hier et demain qu'on n'a jamais si bien trahi Sophocle, délibérément du reste. […] Giraudoux et Cocteau ont rajeuni, renouvelé des thèmes éternels. Anouilh, tout en suivant de très près le théâtre antique, l'a complètement transformé ; il lui a insufflé un autre esprit12. Seul Roland Purnal affirme qu'il n'a jamais assisté a un spectacle aussi pénible, aussi cruellement ridicule et vide de sens5 (Comœdia, février 1944)6. D'un point de vue technique, les décors et les costumes modernes, ainsi que les performances des comédiens sont largement salués5.
Antigone partage l'opinion quant à sa portée symbolique, chacun semblant voir dans sa morale quelque chose de différent. Alors que les uns estiment qu'elle encouragerait la collaboration par l’humanisation du personnage de Créon, les autres perçoivent dans la mort d'Antigone le refus du compromis avec l'ennemi3. Des journaux d'extrême-droite, comme Je suis partout, saluent la pièce pour sa fin (l’écrasement de la révolte et le rétablissement de l'ordre) : Antigone petite déesse de l'anarchie, en se dressant contre la loi de Créon, ne sera plus seulement le droit naturel en révolte contre le droit social, mais aussi la révolte de la pureté contre les mensonges des hommes, de l'âme contre la vie, une révolte insensée et magnifique, mais terriblement dangereuse pour l'espèce, puisque dans la vie des sociétés elle aboutit au désordre et au chaos, et dans la vie des êtres, elle aboutit au suicide (Alain Laubreaux, février 1944)13. D'autres, comme le journal résistant Les Lettres françaises, estiment quant à eux que la pièce favorise la connivence avec les Allemands, par le pessimisme qui s'en dégage :
« Entre Créon et Antigone s'établit un accord parfait, une trouble connivence. [Parce qu'elle méprise les hommes], Antigone court au suicide. Parce qu'il les méprise, Créon les opprime et les mate. Le tyran glacé et la jeune fille exaltée étaient faits pour s'entendre… L'accent désespéré de l'Antigone de Jean Anouilh risque de séduire certains dans ce temps où il s'élève, au temps du mépris et du désespoir. Mais il y a dans le désespoir et dans le refus, et dans l'anarchisme sentimental, et total d'un Anouilh et de ses frères d'armes et d'esprit, le germe de périls infiniment graves… A force de se complaire dans le “désespoir” et le sentiment de tout, de l'inanité et de l'absurdité du monde, on en vient à accepter, souhaiter, acclamer la première poigne venue. »
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