Sagot :
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L'expédition de Saint-Domingue arrive le 29 janvier 1802. Elle comporte les généraux André Rigaud et Alexandre Pétion, ainsi que Jean-Pierre Boyer, « hommes de couleur » issus de Saint-Domingue.
Dès son arrivée, l'expédition de Saint-Domingue se présente immédiatement, le 7 février, devant le port du Cap-Français, où commandait Henri Christophe, qui refusa de céder les forts et la place confiés à son commandement sans la permission de Toussaint Louverture7. Il écrivit à Leclerc : « Si vous avez la force dont vous me menacez, je vous prêterai toute la résistance qui caractérise un général ; et si le sort des armes vous est favorable, vous n'entrerez dans la ville du Cap que lorsqu'elle sera réduite en cendres, et même sur ces cendres, je vous combattrai encore ». Lorsque Leclerc débarque, malgré la résistance qu'opposent les habitants et la milice, Henri Christophe donne l'ordre d'incendier la cité ainsi que tous les édifices publics.
Les Noirs résistent, mais reculent devant la puissance de l'armée de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessés, les Français tiennent toute la côte.
Les généraux de Toussaint Louverture, dont Christophe (en avril) et Dessalines (à la Crête-à-Pierrot après trois semaines de combat inégal et sanglant en mars 1802) se rendent aux Français après d'âpres combats si bien que Toussaint Louverture lui-même accepte sa reddition en mai 1802. Il est autorisé à se retirer sur l'une de ses plantations, à proximité du bourg d'Ennery, dans l'ouest de l'île, non loin de la côte. Le 7 juin 1802, Toussaint Louverture est arrêté malgré sa reddition et Dessalines, défait par les Français à la Crête-à-Pierrot, participe à cette arrestation8. Louverture est déporté en France mais avant d'embarquer dans le navire qui le transportait il a dit :' En me renversant vous n'avez abattu que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera par ces racines car elles sont profondes et nombreuses. il est interné au fort de Joux, dans le Jura, où il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7 avril 1803, après avoir prophétisé la victoire des Noirs.
Toussaint Louverture neutralisé, Leclerc décide le désarmement de la population et le met en œuvre à grand renfort d'exécutions sommaires ; alors les chefs de couleur se détachent peu à peu de l'expédition de Saint-Domingue et rejoignent les insurgés, prenant conscience que cette opération n'avait d'autre but plus important que celui de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue.
C'est en apprenant le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe qu'Alexandre Pétion donne le signal de la révolte, le 13 octobre 1802. À la tête de cinq cent cinquante hommes, il marche contre le principal poste français du Haut-du-Cap, le cerne, le fait désarmer et sauve quatorze canonniers que les siens voulaient égorger : l'armée des « indépendants » est alors formée. Les généraux Geffrard, Clervaux et Christophe, viennent se joindre à Pétion qui, plein d'abnégation, cède au dernier le commandement de l'insurrection.
Dessalines rejoint alors de nouveau les révoltés, dirigés par Pétion, en octobre 1802. Au congrès de l'Arcahaye (15-18 mai 1803), Dessalines réalise à son profit l'unité de commandement. C'est lors de ce congrès que naît le premier drapeau haïtien, bicolore bleu et rouge, inspiré du drapeau français dont la partie blanche a été déchirée. Le 19 novembre 1803, à la tête de l'armée des indigènes, avec à ses côtés Henri Christophe, Dessalines impose à Rochambeau - le cruel successeur de Leclerc - qui utilisait des chiens féroces achetés à Cuba contre les insurgés, entraînés à chasser et manger les Noirs, la capitulation du Cap après la défaite des armées françaises, la veille, à la bataille de Vertières. Rochambeau n'a alors d'autre choix que d'ordonner l'évacuation de l'île.
Après le départ des Français, Dessalines provoque aussitôt le massacre de la population blanche9 ; à l'exception des prêtres, médecins, techniciens et de quelques négrophiles. Il redonne à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti (Ahatti) et déclare l'indépendance [archive] de la République le 1er janvier 1804 aux Gonaïves.
La première république noire libre du monde vient alors de naître.
Mais à peine créée, la république d'Haïti est déjà endettée : la France ne reconnut l'indépendance du pays qu'en échange d'une indemnité de 150 millions de francs-or (la somme sera ramenée en 1838 à 90 millions de francs).