Sagot :
Lettre de haine
Sujet numéro 3 de l'atelier "S'exprimer"
Jacques (devrais-je dire « Peu cher Jacques »),
Comme chaque mois depuis bientôt trois ans, je t’envoie ma lettre de haine. Enfin j’ai trouvé une expression pour la définir, cette lettre mensuelle ! On dit bien « lettre d’amour », alors pourquoi pas « lettre de haine » ? C’est mon vandalisme à moi, ces lettres que je t’envoie comme un crachas en pleine figure.
Pour ta gouverne, Ben va très bien. Il grandit, et je lui ai trouvé une place en maternelle pour la rentrée prochaine. Oui, en maternelle ! Avoue que ça t’étonne ! Même ta mère n’en croyait pas ses oreilles, elle qui m’avait demandé si je lui avait trouvé « un institut ». Ah, ta mère… Ta mère fait partie de ces petits détails qui m’évitent de regretter ton départ ! Ma foi, par amour ou par pitié peut-être, elle vient le voir, ELLE ! Tu n’es pas sans le savoir, n’est ce pas ? Elle est ce qu’elle est, mais on ne peut pas lui reprocher ça.
Tu trouveras ci-joint une photo récente de Ben. D’ailleurs, tu remarqueras à quel point il te ressemble ! Je ne suis pas la seule à m’en rendre compte, si tu savais…D’ailleurs, qu’est ce que ça peut m’amuser ! Un petit « attardé » qui te ressemble ! J’espère que, à défaut de t’attendrir, ça te décompose !
Pauvre Jacques ! Et dire, que, sans la naissance de Ben, j’aurai probablement passé ma vie avec un monstre sans même le soupçonner. Heureusement, en fin de compte, qu’il est arrivé ! L’amour rend aveugle. Ton fil m’a fait recouvrer la vue.
Tu voulais une belle famille. Tu voulais une jolie maison, avec moi, et des enfants « normaux » et en bonne santé. La vie en a voulu autrement, Jacques. C’est parce que tu ne la méritait sans doute pas, cette vie là ! D’ailleurs, je suis ravie d’apprendre que tu n’as toujours pas refait ta vie. C’est sûr que ça va pas être facile. T’es devenu un paria, mon pauvre, depuis que tu as donné naissance à ce « monstre » !
Et dire que j’ai failli t’écouter ! Et dire que ton infamie et mon amour pour toi m’ont privée des trois premiers mois de vie de cet enfant si bon, et à mes yeux, si parfait…
C’était si simple, pour toi ! On le jette, et on en refait un autre. On l’échange, lui et son anomalie, et on en commande un standard, sans travers. C’est pas ça, la vie, Jacques !
C’est pas lui le monstre ! C’est toi ! Quel géniteur peut vouloir mépriser, rejeter, abandonner son enfant sans scrupules ? Faute de remords, j’espère au moins que tu es rongé par la honte !
Ton enfant ! T’as beau en être dégoûté, nauséeux, et tout ce que tu veux, mon pauvre Jacques, mais Ben est ta chair et ton sang. Et, crois moi, il est bien mieux que toi, va !
Sur ce, maintenant que j’ai bien déversé ma haine et ma colère pour ce mois-ci, je te quitte. Je sais depuis peu que tu les lis, mes lettres pleines de rancunes et de rage, et qu’elle te mettent en vrac. Et bien c’est le but, figure toi !
Je ne te remercie pas pour la pension, c’est bien là le minimum.
Avec toute ma haine.
Sandra, et Ben, ton FILS !
Sujet numéro 3 de l'atelier "S'exprimer"
Jacques (devrais-je dire « Peu cher Jacques »),
Comme chaque mois depuis bientôt trois ans, je t’envoie ma lettre de haine. Enfin j’ai trouvé une expression pour la définir, cette lettre mensuelle ! On dit bien « lettre d’amour », alors pourquoi pas « lettre de haine » ? C’est mon vandalisme à moi, ces lettres que je t’envoie comme un crachas en pleine figure.
Pour ta gouverne, Ben va très bien. Il grandit, et je lui ai trouvé une place en maternelle pour la rentrée prochaine. Oui, en maternelle ! Avoue que ça t’étonne ! Même ta mère n’en croyait pas ses oreilles, elle qui m’avait demandé si je lui avait trouvé « un institut ». Ah, ta mère… Ta mère fait partie de ces petits détails qui m’évitent de regretter ton départ ! Ma foi, par amour ou par pitié peut-être, elle vient le voir, ELLE ! Tu n’es pas sans le savoir, n’est ce pas ? Elle est ce qu’elle est, mais on ne peut pas lui reprocher ça.
Tu trouveras ci-joint une photo récente de Ben. D’ailleurs, tu remarqueras à quel point il te ressemble ! Je ne suis pas la seule à m’en rendre compte, si tu savais…D’ailleurs, qu’est ce que ça peut m’amuser ! Un petit « attardé » qui te ressemble ! J’espère que, à défaut de t’attendrir, ça te décompose !
Pauvre Jacques ! Et dire, que, sans la naissance de Ben, j’aurai probablement passé ma vie avec un monstre sans même le soupçonner. Heureusement, en fin de compte, qu’il est arrivé ! L’amour rend aveugle. Ton fil m’a fait recouvrer la vue.
Tu voulais une belle famille. Tu voulais une jolie maison, avec moi, et des enfants « normaux » et en bonne santé. La vie en a voulu autrement, Jacques. C’est parce que tu ne la méritait sans doute pas, cette vie là ! D’ailleurs, je suis ravie d’apprendre que tu n’as toujours pas refait ta vie. C’est sûr que ça va pas être facile. T’es devenu un paria, mon pauvre, depuis que tu as donné naissance à ce « monstre » !
Et dire que j’ai failli t’écouter ! Et dire que ton infamie et mon amour pour toi m’ont privée des trois premiers mois de vie de cet enfant si bon, et à mes yeux, si parfait…
C’était si simple, pour toi ! On le jette, et on en refait un autre. On l’échange, lui et son anomalie, et on en commande un standard, sans travers. C’est pas ça, la vie, Jacques !
C’est pas lui le monstre ! C’est toi ! Quel géniteur peut vouloir mépriser, rejeter, abandonner son enfant sans scrupules ? Faute de remords, j’espère au moins que tu es rongé par la honte !
Ton enfant ! T’as beau en être dégoûté, nauséeux, et tout ce que tu veux, mon pauvre Jacques, mais Ben est ta chair et ton sang. Et, crois moi, il est bien mieux que toi, va !
Sur ce, maintenant que j’ai bien déversé ma haine et ma colère pour ce mois-ci, je te quitte. Je sais depuis peu que tu les lis, mes lettres pleines de rancunes et de rage, et qu’elle te mettent en vrac. Et bien c’est le but, figure toi !
Je ne te remercie pas pour la pension, c’est bien là le minimum.
Avec toute ma haine.
Sandra, et Ben, ton FILS !