Sagot :
Le monde connaît les camps de concentration depuis la guerre des Boers (1899-1902) et la révolte des Héréros (1904-1905). La Révolution russe a inventé le goulag et des États démocratiques tels que la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont utilisé, en temps de guerre, de vastes installations coercitives de rétention. À partir du mois de mars 1933, le régime national-socialiste a ouvert des Konzentrationslager (KZ) pour emprisonner les adversaires du Troisième Reich. Les Juifs ne furent pas massivement détenus dans des camps de concentration avant 1941 : si les nazis avaient bien l’intention de rendre le territoire du Reich judenfrei (sans Juifs), ils n’avaient pas encore défini clairement la méthode à employer. Leurs premiers projets envisageaient de déporter les Juifs dans une sorte de réserve, dans les régions de l’extrême Est européen ou sur l’île française de Madagascar. Au terme des premières victoires stupéfiantes de l’armée allemande, le nombre de Juifs relevant de la juridiction du Reich dépassa les dix millions, un chiffre qui s’accrut encore après la campagne éclair de Russie. Les victoires rapides de l’été 1941 furent cependant suivies par un ralentissement de la progression de l’armée allemande, immobilisée par l’hiver précoce et confrontée à la forte résistance de l’Armée rouge. Les solutions envisagées antérieurement (déportation à l’Est ou à Madagascar) n’étaient plus adaptées. Des exécutions massives menées par les groupes d’intervention de la SS (Einsatzgruppen SS) avaient commencé dès le mois de juin 1941, mais cette méthode de liquidation ne donnait pas satisfaction : les SS eux-mêmes subissaient de graves traumatismes psychologiques et, dans l’ensemble, les Einsatzgruppen n’étaient pas suffisamment efficaces.