Sagot :
Il n'y a pas longtemps, dans un café bondé de jeunes vaguement bohèmes, d'étudiants déglingués et de végétariens possiblement anarchistes, je tenais un livre en regardant distraitement autour de moi et je me suis demandé, peut-être à cause de la joie diffuse qui régnait, quelle était la personne la plus heureuse que j'ai connue, et chaque fois qu'un visage prenait forme dans l'espace flou de ma mémoire, celui d'une copine du secondaire perdue de vue il y a déjà dix ans ou celui, aux contours plus précis, d'un ami parti trouver l'aventure au Chili, je me disais que ce n'était pas tout à fait ça et j'ai dû admettre, un peu malgré moi, que je n'avais pas connu une seule personne dont je pouvais dire avec certitude qu'elle était absolument satisfaite de son sort.