Sagot :
Bonjour,
Aussi bien pour exprimer la beauté que contient le monde, que pour imprégner la mémoire, la poésie a utilisé la séduction. Ce charme et cette séduction sont symbolisés par l’un des plus célèbres personnages dont elle nous a transmis l’histoire : Orphée.
La conception de la beauté poétique évolue, et au XXeme siècle, les poètes s’engagent sur la voie d’une libération poétique, en faisant éclater les règles classiques de la versification. Avec l’avènement du vers libre, les poètes s’adonnent à toutes sortes de mises en page de leurs poèmes ; ils souhaitent accéder à une nouvelle forme de beauté, une beauté plus graphique, se rapprochant de l’art pictural. Ainsi, Les Calligrammes d’Apollinaire, sont, à proprement parler, des poèmes-dessin dans lesquels le sens se lie à la forme. Dans "le jet d’eau", Apollinaire allie savamment la forme du poème (une fontaine), à son sens : les larmes du poète coulent pour pleurer les personnes mortes à la guerre. D’ailleurs, l’étymologie du terme "calligramme" est très révélatrice des intentions esthétiques de ce type de poèmes ; ce nom commun est issu du grec "kallos" qui signifie "beau" et de "gramma" qui signifie "lettre". Autrement dit, le calligramme vise à créer de la beauté en disposant de manière originale les lettres des mots sur le papier.
La beauté de la poésie apparaît également dans le travail de la forme, tant dans la musicalité et les images que dans le travail de la mise en page. Dans La Nuit de Mai, Musset évoque la poésie comme une passion douloureuse, synonyme de souffrances et de tortures, et qui souhaite atteindre la sublimation de la poésie. C’est pourquoi il affirme dans une lettre à E. Bocher : "Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie". Pour toute une génération de poètes, le cœur est le domaine des émotions, source d’inspiration des plus grandes œuvres. Par ailleurs, la poésie atteint également une beauté plus esthétique, fondée sur une recherche formelle parfois très élaborée. Finalement, la beauté de la poésie, reste une idée abstraite, indéfinissable, mais accessible à tout le monde ; chaque lecteur peut, à son goût, choisir le poème qui lui aura fait ressentir le plus d’émotions, que ce soit par la beauté formelle ou par la beauté des sentiments exprimés.
La poésie semble s’accorder très naturellement aux images de la beauté qui nous entoure. Cette équivalence s’est toujours imposée comme une évidence : les poètes de l’Antiquité (Virgile, Les Bucoliques ) s’extasiaient sur la beauté de la nature mais aussi des femmes qu’ils aimaient. Ronsard s’inscrit très simplement dans cette esthétique. Surnommé "Prince des poètes" (et Poète des princes…), il est devenu la référence de la poésie amoureuse. Qui n’a pas appris : "Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose / En sa belle jeunesse, en sa première fleur / Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, / Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose" (Les Amours). La beauté féminine se décline alors sous toutes ses formes. La comparaison – devenue banale aujourd’hui avec la fleur – ne sera pourtant pas reniée par Corneille au XVIIè dans les Stances à Marquise. Si la beauté de la femme s’accorde facilement avec la fragilité de la rose et du temps, elle permet ainsi aux poètes d’exprimer leur envie de vivre (ou leur peur de mourir !) comme dans Si tu t’imagines de Raymond Queneau. Aussi, dans "Les fleursdu mal" de Baudelaire, "les fleurs" connotent : le bonheur, la pureté, la beauté, la jeunesse, l'épanouissement et l'éclat. C'est aussi une comparaison à la beauté des femmes. En revanche le mal connote sur un plan religieux : le diable, le démon, c'est aussi la souffrance (physique), l'horreur, et surtout la laideur (esthétique), la misère et les vices. Le titre est intéressant dans la mesure où Baudelaire semble affirmer une beauté propre au mal. Les fleurs du mal : qui appartient ou qui vient du mal. Le titre désigne l'opération poétique en elle-même qui permet de transfigurer le mal à la laideur en beauté. C'est une opération quasiment magique, d' alchimie (qui consiste à transformer les métaux en or).
Ainsi, quelle que soit l’époque, l’unanimité se fait autour de la célébration de la femme, de sa beauté, de l’amour qu’elle inspire, source de bonheur. Néanmoins, bien qu’extrêmement courant, cette source d’inspiration n’est pas la seule, loin s’en fa