C'est pour lundi s'il vous plait
Faire une critique du roi en 15linges.
LE LION, LE LOUP ET LE RENARD
Un Lion décrépit, goutteux, n'en pouvant plus, 
Voulait que l'on trouvât remède à la vieillesse : 
Alléguer l'impossible aux Rois, c'est un abus.(1) 
Celui-ci parmi chaque espèce 
Manda des Médecins ; il en est de tous arts : (2)
Médecins au Lion viennent de toutes parts ; 
De tous côtés lui vient des donneurs de recettes. 
Dans les visites qui sont faites, 
Le Renard se dispense, et se tient clos et coi. (3)
Le Loup en fait sa cour, daube (4) au coucher du Roi 
Son camarade absent ; le Prince tout à l'heure 
Veut qu'on aille enfumer Renard dans sa demeure, 
Qu'on le fasse venir. Il vient, est présenté ; 
Et, sachant que le Loup lui faisait cette affaire : 
Je crains, Sire, dit-il, qu'un rapport peu sincère, 
Ne m'ait à mépris (5) imputé 
D'avoir différé cet hommage ; 
Mais j'étais en pèlerinage ; 
Et m'acquittais d'un voeu fait pour votre santé. 
Même j'ai vu dans mon voyage 
Gens experts et savants ; leur ai dit la langueur 
Dont votre Majesté craint à bon droit la suite. 
Vous ne manquez que de chaleur : 
Le long âge en vous l'a détruite : 
D'un Loup écorché vif appliquez-vous la peau 
Toute chaude et toute fumante ; 
Le secret sans doute en est beau 
Pour la nature défaillante. 
Messire Loup vous servira, 
S'il vous plaît, de robe de chambre. 
Le Roi goûte cet avis-là : 
On écorche, on taille, on démembre 
Messire Loup. Le Monarque en soupa, 
Et de sa peau s'enveloppa ; 
Messieurs les courtisans, cessez de vous détruire : 
Faites si vous pouvez votre cour sans vous nuire. 
Le mal se rend chez vous au quadruple du bien. 
Les daubeurs ont leur tour d'une ou d'autre manière : 
Vous êtes dans une carrière 
Où l'on ne se pardonne rien. 


Sagot :

De nombreuses années ont passé, et le roi ne veut nullement quitté cette terre. Dès qu'il recouvre un peu de ses forces c'est pour mendier la vie, le jeunesse que d'antan il affectionnait. Pour lui, tout demeure normal, il n'a pas le droit de mourir et veut pour n'importe quel prix acquérir une nouvelle ardeur. Sa cour l'observe mais sans vraiment désirer l'aider dans sa quête. Après tout, ne nous a t-il pas assez ennuyé, toujours à vouloir des choses impossibles.
Je ne suis que "pipolet" le vers de terre et j'entends encore ses rugissements. Pour quelles raisons ne veut-il pas laisser sa place. Dame nature, présente veille et curieuse attend son dernier souffle ! Ce roi semble ne pas apprécier ce que la terre lui a donné, et en demande toujours plus. La loi est ainsi faite, qui que tu sois, lorsque tes forces s'en iront, ton corps refroidi quelqu'un d'autre occupera ta place. Moins bien mais espérons mieux pour tous !