Texte: La douleur de l'éloignement
Madame de Sévigné est séparée de so file (Mme de Gngnan) lorsque celle celle e se marie et part
vivre à Grignan La mère voit peu to fille mais elle lui écrit des lettres très fréquentes et émouvantes
Mme de Sévigné rédige cette lettre sur le chemin du retour à Paris, à la suite d'un séjour de quatorze
mois à Grignan.
Note
De Mme de Sévigné à Mme de Grignan
A Montélimar, jeudi 5 octobre 1673.
Voici un terrible jour, ma chère enfant je vous avoue que je n'en puis plus le vous al quitté dans un
état qui augmente ma douleur. Je songe à tous les pas que vous faites et à tous ceux que je fais, et
combien il s'en faut qu'en marchant toujours de cette sorte, nous puissions jamais nous rencontrer
Mon coeur est en repos quand il est auprès de vous : c'est son état naturel, et le seul qui peut lui
plaire. [...] Je vous cherche toujours, et je trouve que tout me manque, parce que vous me manquez
Mes yeux, qui vous ont tant rencontrée depuis quatorze mois, ne vous trouvent plus. Le temps
agréable qui est passé rend celui-ci douloureux, jusqu'à ce que j'y sois un peu accoutumée ; mais ce
ne sera jamais assez pour ne pas souhaiter ardemment de vous revoir et de vous embrasser le ne
dois pas espérer mieux de l'avenir que du passé. Je sais ce que votre absence m'a fait souffrir: je serai
encore plus à plaindre, parce que je me suis fait imprudemment une habitude nécessaire de vous
voir.
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Il me semble que je ne vous ai point assez embrassée en partant: qu'avais-je à ménager ? le ne vous
al point assez dit combien je suis contente de votre tendresse ; je ne vous al point assez recommandée
à M. de Grignan; je ne l'ai point assez remercié de toutes ses politesses et de toute l'amitié qu'il a
pour moi [.]. Je suis déjà dévorée de curiosité; je n'espère de consolation que de vos lettres, qui me
feront encore bien soupirer. En un mot, ma fille, je ne vis que pour vous: Dieu me fasse la grâce de
l'aimer quelque jour comme je vous aime; je songe aux Pichons; je suis toute pétrie des Grignans
20 [-1. Jamais un voyage n'a été si triste que le nôtre; nous ne disons pas un mot.
Adieu, ma chère enfant, aimez-moi toujours: hélas I nous revoilà dans les lettres. [...) Ma fille,
plaignez-moi de vous avoir quittée.
1.Grignan: ville de la Drôme provençale où habite Mme de Grignan.
2.Pichons en provençal, les petits-enfants.
3.Mme de Sévigné voyage en compagnie de deux abbes.
Madame de SEVIGNE, Lettres, 1734-1737.
Rappel Les registres littéraires
Le registre littéraire (ou tonalité) d'un texte est défini par l'effet qu'il produit sur le lecteur. La tonalité d'un texte ne
dépend pas forcément de son genre. Dans un même texte, on peut rencontrer plusieurs tonalités tragique (fin
malheureuse), pathétique (souffrance), lyrique (sentiment personnet), comique, etc.
Dans quel tonalité est écrite cette lettre ? Pourquoi ?