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Témoignage d'un élève devenu écrivain
2019
J'ai été d'une école où on aimait ses profs, où après être passé dans une classe supérieure on passait leur
rendre visite, ça épinglait un orgueil de moineau sur nos maigres poitrines. J'ai été d'une école où le nom de «
prof» faisait tinter la rétine et briller l'envie d'en être.
Moi j'allais à l'école comme on se blottit dans un nid attendant la becquée quotidienne. Elle me protégeait
de la méchanceté du monde [-] J'étais ce privilégié-là, cet engourdi docile aussi. Je guettais l'attention qu'on
allait me porter, la parole qu'on allait me donner, la note aussi.
J'étais d'une école où je n'avais plus d'origine mais l'espoir d'en trouver une sans frontière ni couleur ni
rang social, où les professeurs ressemblaient à des parents. Les uns les autres se passaient le relais sûrs de
divulguer un même message empreint du respect le plus strict. Tous se souciaient qu'on s'intéresse, nous
existions comme un prolongement d'eux-mêmes.
J'étais d'une école qui admirait ses profs et je rêvais moi de les accompagner au-delà des heures de
scolarité indues tout ça pour m'infuser du plaisir qu'ils avaient à nous avoir comme élèves. Me rappelle, je voulais
même qu'on m'adopte car hors du sanctuaire me sentais comme un fantôme privé de lumière, presque un demi-
orphelin [..] Privé de cette attention supplémentaire, me sentais vivre dans un cachot putride, comme privé d'une
pièce aux larges baies vitrées.
Dans cette école, en échange de leur bienveillance je rassemblais tout ce qui me contenait « d'intelligent »>.
Jamais ma mère ne m'a vu chez elle aussi docile ou attentif et dieu sait (si j'ose dire) qu'elle sacrifia tout pour
que je réussisse, qu'elle ruina jusqu'à épuisement toutes ses réserves de mère. Elle aussi chérissait cette école
et trouvait ahurissant que les détenteurs de tous les savoirs ne portent pas la main sur moi quand je faiblissais,
Ca la sidérait qu'on n'ait pas cours à Pâques, Noël, juin et juillet. Sans cette école que l'on dit gratuite, laique et
obligatoire la vie lui serait apparue insensée. [...]
A faune de tous ces défis nouveaux, je dis que cette école existe encore et elle raconte toujours l'histoire
des hommes, offre encore une famille, une terre, des valeurs et enfin notre libre arbitre.
Questions:
Né de parents algériens, en 1962, à Toulouse, Magyd Cherfi est chanteur, comédien
et écrivain français. Il est l'auteur d'un texte autobiographique remarqué, « Ma part
de Gaulois », 2016
1. Présentez ce document. Que vous inspire-t-il ?
2. Pourquoi l'auteur tient-il à rendre hommage à l'école?
3. A quoi compare-t-il l'école dans le 2e paragraphe ?
4. Que désigne-t-il par « la becquée.
lenne » ?
5. Quel rapport avait-il à ses professeurs ? Comment étaient-ils?
6 Etes-vous d'accord avec le propos de l'auteur dans le dernier paragraphe ? Pourquoi ?
7.
Relevez du texte ure métophore et une comparaison.
8 Relevez trois adverbes et indiquez leurs valeurs.
9. Proposez des synonymes aux mots soulignés.
10 Aimez-vous Técole ? Dans un texte de 10 lignes, décrivez votre rapport à l'école et à vos professeurs

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