Type d'exercice: Explication de texte (rédaction totale).
Texte :
Baruch Spinoza (1632-1677)
chacun a jugé des choses selon la disposition de son cerveau, ou plutôt a considéré comme les
choses elles-mêmes les affections de son imagination. Aussi, n'est-il pas étonnant (soit dit en
passant) qu'il se soit élevé entre les hommes autant de controverses que nous en constatons, d'où est
sorti enfin le Scepticisme. Car, bien que les corps humains se ressemblent et s'accordent en
beaucoup de points, il diffèrent cependant sur beaucoup d'autres, et, par suite, ce qui paraît bon à
l'un paraît mauvais à l'autre, ce qui est dans l'ordre pour l'un paraît confus pour l'autre, ce qui est
agréable à l'un est désagréable à l'autre, et ainsi du reste; je ne m'y étends pas ici, tant parce que ce
n'est pas le lieu d'en traiter expressément, que parce que tout le monde en a suffisamment fait
l'expérience. Tout le monde, en effet, répète : « Autant de têtes, autant d'avis; chacun va dans son
sens; il n'y a pas moins de différence entre les cerveaux qu'entre les palais. » Et ces adages
montrent assez que les hommes jugent des choses selon la disposition de leur cerveau et les
imaginent plutôt qu'ils ne les comprennent par l'entendement. Car, s'ils comprenaient les choses,
elles auraient, comme le prouve la Mathématique, je ne dis pas le pouvoir d'attirer, mais du moins
celui de convaincre tout le monde.