Si elle ne devient pas un moyen de fuir nos responsabilisés mais uniquement de les différer, la procrastination est sans doute la meilleure réponse qui soit à l'accélération du temps productif. Distraction is the new concentration professe même le poète américain Kenneth Goldsmith, qui propose, dans le cadre de l'université de Pensylvanie, des cours de cyber-glandouille intitulés « Wasting Time on the Internet. Flaner sur le Web serait, pour Goldsmith, le moyen d'élargir son horizon créatif, de s'ouvrir à des sphères inexplorées de son propre inconscient et de cultiver sa capacité à tisser des liens inattendus, ce qui pourrait constituer une bonne définition de ce qu'est l'intelligence. En ce qui me concerne, j'ai transfonné ma tendance à la procrastination en véritable méthode de travail Tel Lance Armstrong pratiquant l'autotransfusion sanguine, mon moi présent a ainsi pour habitude de déléguer à mon moi futur les tâches qui lui incombent, en vue de susciter in fine un état de transe productif pareil au coup de pédale qui permet de partir sans effort à l'assaut de l'Alpe-d'Huez. Est-ce que ça marche vraiment ? Permettez-moi de ne pas conclure dans la précipitation et de terminer auparavant le visionnage de ce passionnant documentaire : L'Histoire cachée de la Grande Muraille de Chine.