J'ai rien compris. Le Horla, Guy de Maupassant: épisode du miroir Je le tuerai. Je l'ai vu ! Je me suis assis hier soir, à ma table; et je fis semblant d'écrire avec une grande attention. Je savais bien qu'il viendrait rôder autour de moi, tout près, si près que je pourrais peut-être le toucher, le saisir ? [...] 25 5 En face de moi, mon lit, un vieux lit de chêne à colonnes ; à droite, ma cheminée ; à gauche ma porte fermée avec soin, après l'avoir laissée longtemps ouverte, afin de l'attirer; derrière moi, une très haute armoire à glace, qui me servait chaque jour pour me raser, pour m'habiller, et où j'avais coutume de me regarder, de la tête aux pieds, chaque fois que je passais devant. 10 Donc je faisais semblant d'écrire, pour le tromper, car il m'épiait lui aussi ; et soudain, je sentis, je fus certain qu'il lisait par-dessus mon épaule, qu'il était là, frôlant mon oreille. Je me dressai, les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis tomber. Eh bien ?.... on y voyait comme en plein jour, et je ne me vis pas dans ma glace ! Elle était vide, claire, profonde, pleine de lumière ! Mon image n'était pas dedans... et j'étais en face, moi ! Je voyais le grand verre limpide du haut en bas. Et je regardais cela avec des yeux affolés; et je n'osais plus avancer, je n'osais plus faire un mouvement, sentant bien pourtant qu'il était là, mais qu'il m'échapperait encore, lui dont le corps imperceptible avait dévoré mon reflet. Comme j'eus peur ! Puis voilà que tout à coup je commençai à m'apercevoir dans une brume, au fond du miroir, dans une brume comme à travers une nappe d'eau ; et il me 20 semblait que cette eau glissait de gauche à droite, lentement, rendant plus précise mon image, de seconde en seconde. C'était comme la fin d'une éclipse. Ce qui me cachait ne paraissait point posséder de contours nettement arrêtés, mais une sorte de transparence opaque, s'éclaircissant peu à peu. Je pus enfin me distinguer complètement, ainsi que je le fais chaque jour en me regardant. Je l'avais vu ! L'épouvante m'en est restée, qui me fait encore frissonner.
Une scène orchestrée : 1) Quelles attentes le premier paragraphe donnent-il au lecteur ? 2) Faites un schéma des lieux, à partir des indications du narrateur. 3) Quel est le plan orchestré par le narrateur ? Est-ce que tout se passe comme prévu ? Un face-à-face sous le signe du double 4) En quoi peut-on dire que le Horla est un double du narrateur ? Aidez-vous du dossier sur le miroir en peinture page 65 pour répondre. 5) Peut-on affirmer que le narrateur a bien vu le Horla ? Pourquoi peut-on dire que ce n'est pas un narrateur fiable ? 6) Réponse argumentée : En quoi cette scène appartient-elle au registre fantastique ? Aidez-vous de la définition pour développer votre réponse en plusieurs lignes. (citez le texte entre guillemets pour appuyer votre réponse)