analyse fonction grammaticale des mots "au pas cadencé" ,
"le spectacle" , "la mort" , " à son frère " quelle nature est grammaticale du mot "on" le texte
ANNEXE N°8
Paroles de poilus,
Lettres et carnets du front, 1914-1918.
EVALUATION FINALE
Henri Aimé Gauthé était soldat de deuxième classe, agent de liaison puis téléphoniste. Après la guerre, ce combattant reprit l’entreprise paternelle en remplacement de son frère aîné tué au combat. Voici un extrait (non daté) de son journal de guerre.
La traversée de Commercy* se fit au pas cadencé arme sur l’épaule. Il importait de ne pas offrir le spectacle d’un troupeau incohérent et flasque. Montrer à la population les signes extérieurs d’une troupe organisée et disciplinée. […]
Par hasard, en levant les yeux, j’aperçus une fillette jolie et mièvre un peu… A voir ses yeux émus et admiratifs, j’ai compris que sans doute nous étions beaux… et grands. Nous allions par là-bas, où l’on meurt, où l’on est défiguré, haché, déchiré… et nous y allons… au pas, au son des cuivres aigus… Nous portons dans nos cartouchières la mort. Nos fusils tuent. Nous sommes forts et doux peut-être… Nous sommes une bête formidable qui pourrait broyer cette enfant, sans la voir, sans entendre ses cris et sa plainte. Son admiration est une vague d’effroi et de piété. Nous sommes un énorme troupeau de formidables douleurs… […]
J’ai l’estomac trop vide. Je suis trop sale et j’ai trop de poux. Je ne peux croire que c’est le fumier qui fait la rose – et que notre pourriture acceptée par le camp et la tranchée, que notre révolte, que notre douleur feront de la justice ou du bonheur. Et quel égoïsme de dire à son frère : tu mourras pour que je sois heureux !
* Commercy : commune de la Meuse, au sud de Verdun.