Bonjour, j'ai ce devoir à rendre pour le mercredi 23 novembre, mais je n'ai pas compris le texte ainsi que comment faire.
Pourriez-vous m'aider s'il vous plaît ?


Rabelais, Gargantua, ch. XI à XXIV. Parcours : la bonne éducation.

Texte de M. Eltchaninoff, «< Le soin, la discipline, l'instruction »>, 2013.

Contraction de texte

Vous résumerez ce texte en 158 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : votre travail comptera au moins 142 mots et au plus 174 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Deux attitudes s'affrontent. Certains d'abord, cherchent à réhabiliter le projet humaniste. Celui-ci a pour finalité l'homme dans son ensemble et pas uniquement son avenir professionnel. Il intègre donc des savoirs inutiles, des règles dénuées d'application immédiate. Cette école a pour figures tutélaires Rabelais ou Montaigne, selon qui « le gain de notre étude, c'est en être devenu meilleur et plus sage >> et non de se préparer à intégrer le monde du travail. Il y a un siècle, l'un de ses grands représentants, le philosophe Alain, protestait contre l'idée suivant laquelle l'école devait vivre avec son temps au lieu de revenir aux classiques. Dans ses Propos sur l'éducation (1932), il tranchait : « L'enseignement doit être résolument retardataire. Non pas rétrograde, tout au contraire. C'est pour marcher dans le sens direct qu'il prend du recul; car, si l'on ne se place point dans le moment dépassé, comment le dépasser ? Ce serait une folle entreprise, même pour un homme dans toute la force, de prendre les connaissances en leur état dernier; il n'aurait point d'élan, ni aucune espérance raisonnable. Mais l'école peut-elle se permettre d'être encore << retardataire >> ?>>
Face à ce modèle, un autre émerge, celui de l'éducation libertaire - mais loin d'être anticapitaliste. Il est porté par l'irruption des technologies numériques et profite du brouillage que l'informatique provoque dans les différents lieux d'apprentissages traditionnels. Auparavant, l'éducation des enfants et des adolescents se divisait en trois sphères topographiques nettes : la maison, l'école et la rue (où l'on faisait les quatre cents coups et l'école buissonnière). Mais un quatrième espace, celui du réseau, pénètre désormais les trois premiers et trouble encore davantage les frontières. Avec la révolution numérique, ce n'est pas la rue qui pénètre les autres espaces éducatifs, c'est le monde entier. Contrôlant de moins en moins les informations parvenant aux enfants et aux adolescents depuis que la télévision familiale n'est plus l'unique vecteur d'ouverture, les parents et les enseignants doivent composer avec d'autres sources d'autorité, qui ébranlent la leur. La multiplication des objets interconnectés, qui font qu'on donne un terminal de communication incontrôlable à son enfant en pensant lui avoir offert un baladeur, instaure de fait une nouvelle dimension, horizontale, interactive et permanente. Cette irruption est vécue comme une menace lorsqu'elle détruitl'attention, discrédite la culture, désavoue l'autorité des adultes, s'immisce dans les espaces et les temps interstitiels à la maison et parfois à l'école. Elle devient un enjeu éducatif à part entière : les murs de l'école sont-ils voués à disparaître au profit du e-learning? La notion de culture commune a-t-elle encore un sens? Cette rue virtuelle concurrence également désormais l'éducation traditionnelle. Le chemin de l'école n'est plus le seul à donner du travail. Il vaut parfois mieux être débrouillard que bon élève. Acquérir soi-même des compétences est désormais possible. Cette éducation horizontale est ouverte à tous, mondiale, libre, fondée sur le seul talent. Au lieu de suivre les matières enseignées, on peut inventer ses propres codes. Ce modèle, libertaire mais soumis aux exigences du marché mondialisé, est-il un nouveau rousseauisme, une éducation enfin proche de notre sensibilité, ou un ultime avatar de la lutte de chacun contre chacun ? Le véritable contre-modèle à l'éducation bourgeoise n'est-il pas en train de se construire dans la rue et sur le réseau ?
La meilleure idée serait de ne pas s'en plaindre, mais d'en profiter pour redonner de sa vitalité à l'idéal humaniste. Celui-ci, en effet, a aussi, un jour, été révolutionnaire et étonnant, lorsqu'il venait bousculer, à la fin du Moyen Âge, l'ère du par cœur et des disciplines sans vie. L'humanisme est peut-être, aujourd'hui encore, notre avenir.

M. Eltchaninoff, «< Le soin, la discipline, l'instruction »>, 2013.​