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LHEINA
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comment se répand le christianisme à travers l'empire païen ?


[CH2-2/2] Document n°1 - Les chrétiens vus par Julien, empereur païen Il m'a paru à propos d'exposer à la vue de tout le monde les raisons que j'ai eues de me persuader que la Secte des Galiléens n'est qu'une fourberie purement humaine, et malicieusement inventée, qui, n'ayant rien de divin, est pourtant venue à bout de séduire les esprits faibles et d'abuser de l'affection que les hommes ont pour les fables en donnant une couleur de vérité et de persuasion à des fictions prodigieuses. [...] Apprenez, Galiléens [1], combien nos lois et nos mœurs sont préférables aux vôtres. Nos Législateurs et nos Philosophes nous ordonnent d'imiter les Dieux, autant que nous pouvons ; ils nous prescrivent, pour parvenir à cette imitation, de contempler et d'étudier la nature des choses. C'est dans la contemplation, dans le recueillement, et les réflexions de l'âme sur elle-même, que l'on peut acquérir les vertus qui nous approchent des Dieux, et nous rendent, pour ainsi dire, semblables à eux. Mais qu'apprend chez les Hébreux l'imitation de leur Dieu ? Elle enseigne aux hommes à se livrer à la fureur, à la colère et à la jalousie la plus cruelle. [...] Mais qu'a fait votre Jésus qui, après avoir séduit quelques Juifs des plus méprisables, est connu seulement depuis trois cent ans ? Pendant le cours de sa vie, il n'a rien exécuté dont la mémoire soit digne de passer à la postérité; si ce n'est que l'on ne mette au nombre des grandes actions, qui ont fait le bonheur de l'Univers, la guérison de quelques boiteux, et de quelques démoniaques des petits villages de Bethesda [2] et de Béthanie [3]. Après que Rome eut été fondée, elle soutint plusieurs guerres, se défendit contre les ennemis qui l'environnaient, et en vainquit une grande partie : mais le péril étant augmenté, et par conséquent le secours lui étant devenu plus nécessaire ; Jupiter lui donna Numa, qui fut un homme d'une vertu admirable, qui [...] conversait avec les Dieux familièrement, et recevait d'eux des avis très salutaires sur les lois qu'il établit, et sur le culte des choses religieuses. [...] Mais vous, Galiléens, les plus malheureux des mortels par votre prévention, lorsque vous refusez d'adorer le bouclier tombé du Ciel, honoré depuis tant de siècles par vos ancêtres, comme un gage certain de la gloire de Rome, et comme une marque de la protection directe de Jupiter et de Mars ; vous adorez le bois d'une croix, vous en faites le signe sur votre front, et vous le placez dans le plus fréquenté de vos appartements. Doit-on haïr, ou plaindre et mépriser ceux qui passent chez vous pour être les plus prudents, et qui tombent cependant dans des erreurs si funestes ? Ces insensés, après avoir abandonné le culte des Dieux éternels, suivi par leurs Pères, prennent pour leur Dieu un homme mort chez les Juifs [...] Leur Législateur s'était contenté d'ordonner de ne rendre aucun hommage aux Dieux étrangers, et d'adorer le seul Dieu, dont la portion est son peuple, et Jacob le lot de son héritage. À ce premier précepte, Moïse en ajoute un second: Vous ne maudirez point les Dieux : mais les Hébreux dans la suite voulant, par un crime et une audace détestable, détruire les religions de toutes les autres nations, tirèrent du Dogme d'honorer un seul Dieu la pernicieuse conséquence qu'il fallait maudire les autres. Vous avez adopté ce principe cruel et vous vous en êtes servi pour vous élever contre tous les Dieux et pour abandonner le culte de vos Pères dont vous n'avez retenu que la liberté de manger de toutes sortes de viandes. S'il faut que je vous dise ce que je pense, vous vous êtes efforcés de vous couvrir de confusion: vous avez choisi parmi les Dogmes que vous avez pris ce qui convient également aux gens méprisables de toutes les nations : vous avez pensé devoir conserver, dans votre genre de vie ce qui est conforme à celui des cabaretiers, des publicains [4], des baladins [5] et de cette espèce d'hommes qui leur ressemblent. Julien II dit << le Philosophe » (par ses admirateurs) ou « l'Apostat » (par ses détracteurs), empereur romain de 361 à 363, Libri tres contra Galileos (Contre les Galiléens) [1] Julien désigne ainsi les chrétiens car c'est de la région de Galilée en Israël que vient Jésus. [2] Là où Jésus aurait guéri un paralytique. [3] Là où Jésus a ressuscité Lazare d'entre les morts. [4] Un collecteur d'impôts, profession détestée par les Romains. [5] Un comédien ambulant.​

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