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L'engagement d'un écrivain
Dans le journal clandestin Combot, récrivain Albert Camus évoque le
bombardement atomique de la ville d'Hiroshima (Japon) le 6 août 1945
Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose.
C'est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable
concert que la radio, les journaux et les agences
d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe
5 atomique. On nous apprend en effet, au milieu d'une foule
de commentaires enthousiastes que n'importe quelle ville
d'importance moyenne peut être totalement rasée par une
bombe de la grosseur d'un ballon de football. Des journaux
américains, anglais et français se répandent en dissertations
élégantes sur l'avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la
vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences
politiques et même le caractère indépendant de la bombe
atomique. Nous nous résumerons en une phrase: la
civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré
15 de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou
moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation
intelligente des conquêtes scientifiques.
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le prétexte d'une édition spéciale. Mais ce devrait tre plus
sürement le sujet de quelques réflexions et de beaucoup de
silence. [-]
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Qu'on nous entende bien. Si les Japonais capitulent
40 après la destruction d'Hiroshima et par reffet de
Tintimidation, nous nous en réjouirons. Mais nous nous
refusons à tirer d'une aussi grave nouvelle autre chose que
la décision de plaider plus énergiquement encore en faveur
d'une véritable société internationale, où les grandes
45 puissances n'auront pas de droits supérieurs aux petites et
aux moyennes nations, où la guerre, féau devenu définit
par le seul effet de l'intelligence humaine, ne dépendra plus
des appétits ou des doctrines de tel ou tel état.
Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à
50 humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le
seul combat qui vaille d'être
mené. Ce n'est plus une
prière, mais un ordre qui doit
monter des peuples vers les
55 gouvernements, l'ordre de
choisir définitivement entre
l'enfer et la raison.
En attendant, il est permis de penser qu'il y a quelque
indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met
20 d'abord au service de la plus formidable rage de destruction
dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un
monde livré à tous les déchirements de la violence,
incapable d'aucun contrôle, indifférent à la justice et au
simple bonheur des hommes, la science se consacre au
25 meurtre organisé, personne sans doute, à moins d'idéalisme
impénitent², ne songera à s'en étonner.
Ces découvertes doivent être enregistrées, commentées
selon ce qu'elles sont, annoncées au monde pour que
l'homme ait une juste idée de son destin. Mais entourer ces
30 terribles révélations d'une littérature pittoresque' ou
humoristique, c'est ce qui n'est pas supportable.
Déjà, on ne respirait pas facilement dans ce monde
torturé. Voici qu'une angoisse nouvelle nous est proposée,
qui a toutes les chances d'être définitive. On offre sans doute
l'humanité sa dernière chance. Et ce peut-être après tout
A. Camus, éditorial du
journal Combat, 8 août

.
2/a/ Lignes 18 à 57: Reformulez l'argument exprimé dans chaque
paragraphe.

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