Bonjour, quelqu'un peut m'aider pour ces questions sur le livre Thérèse Raquin svp. Voici l'extrait sur lequel se portent les questions :
"Parfois elle passait ses bras au cou de Laurent,
elle se traînait sur sa poitrine, et, d’une voix
encore haletante :
– Oh ! si tu savais, disait-elle, combien j’ai
souffert ! J’ai été élevée dans l’humidité tiède de
la chambre d’un malade. Je couchais avec
Camille ; la nuit je m’éloignais de lui écœurée
par l’odeur fade de son corps. Il était méchant et
entêté ; il ne voulait pas prendre les médicaments
que je refusais de partager avec lui ; pour plaire à
ma tante, je devais prendre toutes les drogues. Je
ne sais pas comment je ne suis pas morte... Ils
m’ont rendue laide, mon pauvre ami, ils m’ont
volé tout ce que j’avais, et tu ne peux m’aimer
comme je t’aime.
Elle pleurait, elle embrassait Laurent, elle
continuait avec une haine sourde :
– Je ne leur souhaite pas de mal. Ils m’ont
élevée, ils m’ont recueillie et défendue contre la
misère... Mais j’aurais préféré l’abandon à leur
hospitalité. J’avais des besoins cuisants de grand
air ; toute petite, je rêvais de courir les chemins
les pieds nus dans la poussière, demandant
l’aumône, vivant en bohémienne. On m’a dit que
ma mère était un chef de tribu, en Afrique, j’ai
souvent songé à elle, j’ai compris que je lui
appartenais par le sang et les instincts, j’aurais
voulu ne la quitter jamais et traverser les sables
sur son dos. Ah ! quelle jeunesse, j’ai encore des
dégoûts et des révoltes, lorsque je me rappelle les
longues journées que j’ai passées dans la
chambre où râlait Camille. J’étais accroupie
devant le feu, regardant stupidement bouillir les
tisanes, sentant mes membres se roidir, et je ne
pouvais bouger, ma tante grondait quand je
faisais du bruit...
Plus tard, j’ai goûté des joies profondes, dans
la petite maison du bord de l’eau ; mais j’étais
déjà abêtie, je savais à peine marcher, je tombais
lorsque je courais. Puis on m’a enterrée toute
vive dans cette ignoble boutique.
Thérèse respirait fortement, elle serrait son
amant à pleins bras, elle se vengeait, et ses
narines minces et souples avaient de petits
battements nerveux.
– Tu ne saurais croire, reprenait-elle, combien
ils m’ont rendue mauvaise. Ils ont fait de moi une
hypocrite et une menteuse... Ils m’ont étouffée
dans leur douceur bourgeoise, et je ne m’explique
pas comment il y a encore du sang dans mes
veines... J’ai baissé les yeux, j’ai eu comme eux
un visage morne et imbécile, j’ai mené leur vie
morte. Quand tu m’as vue, n’est-ce pas ? j’avais
l’air d’une bête. J’étais grave, écrasée, abrutie. Je
n’espérais plus en rien, je songeais à me jeter un
jour dans la Seine... Mais, avant cet affaissement,
que de nuits de colère ! Là-bas, à Vernon, dans
ma chambre froide, je mordais mon oreiller pour
étouffer mes cris, je me battais, je me traitais de
lâche. Mon sang me brûlait et je me serais
déchiré le corps. À deux reprises, j’ai voulu fuir,
aller devant moi, au soleil ; le courage m’a
manqué, ils avaient fait de moi une brute docile
avec leur bienveillance molle et leur tendresse
écœurante. Alors j’ai menti, j’ai menti toujours.
Je suis restée là toute douce, toute silencieuse,
rêvant de frapper et de mordre.
La jeune femme s’arrêtait, essuyant ses lèvres
humides sur le cou de Laurent. Elle ajoutait,
après un silence :
– Je ne sais plus pourquoi j’ai consenti à
épouser Camille. Je n’ai pas protesté, par une
sorte d’insouciance dédaigneuse. Cet enfant me
faisait pitié. Lorsque je jouais avec lui, je sentais
mes doigts s’enfoncer dans ses membres comme
dans de l’argile. Je l’ai pris, parce que ma tante
me l’offrait et que je comptais ne jamais me
gêner pour lui... Et j’ai retrouvé dans mon mari le
petit garçon souffrant avec lequel j’avais déjà
couché à six ans. Il était aussi frêle, aussi plaintif,
et il avait toujours cette odeur fade d’enfant
malade qui me répugnait tant jadis... Je te dis tout
cela pour que tu ne sois pas jaloux... Une sorte de
dégoût me montait à la gorge ; je me rappelais les
drogues que j’avais bues, et je m’écartais, et je
passais des nuits terribles... Mais toi, toi...


Voici les questions :

Question 1 : Pourquoi peut on dire dans ce texte que Thérèse idéalise t elle ses origines ?
Question 2 : Comment Thérèse présente son évolution depuis son arrivée chez les Raquin.
Question 3 : Pourquoi ce passage est il naturaliste ?