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voici le texte

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Elie WIESEL, La Nuit (1958)

Elie Wiesel a quinze ans lorsqu'il est déporté à Auschwitz-Birkenau en 1944. Il vient d'être séparé de sa mère et sa
sœur et arrive avec son père dans le camp d'extermination.
Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept
fois verrouillée. Jamais je n'oublierai cette fumée. Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont'
j'avais vu les corps se transformer en volutes' sous un azur muet. Jamais je n'oublierai ces flammes qui
consumèrent pour toujours ma foi. Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du
désir de vivre.
Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le
visage du désert. Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-
même. Jamais. La baraque où l'on nous avait fait entrer était très longue. Au toit, quelques lucarnes bleutées.
C'est cet aspect que doit avoir l'antichambre de l'enfer. Tant d'hommes affolés, tant de cris, tant de brutalité
bestiale. Des dizaines de détenus nous accueillirent, le bâton à la main, frappant n'importe où, sur n'importe
qui, sans aucune raison. Des ordres : « À poil! Vite ! Raus2! Gardez seulement votre ceinture et vos chaussures
à la main... »> On devait jeter ses vêtements au fond de la baraque. Il y en avait déjà là-bas tout un tas. Des
costumes neufs, d'autres vieux, des manteaux déchirés, des loques : celle de la nudité. Tremblant de froid.
Quelques officiers S.S. circulaient dans la pièce, cherchant les hommes robustes. Si la vigueur était si
appréciée, peut-être fallait-il tâcher de se faire passer pour solide ? Mon père pensait le contraire. Il valait
mieux ne pas se mettre en évidence. Le destin des autres serait le nôtre. (Plus tard, nous devions apprendre
que nous avions eu raison. Ceux qui avaient été choisis ce jour-là furent incorporés dans le Sonderkommando³,
le kommando qui travaillait aux crématoires. Bela Katz - le fils d'un gros commerçant de ma ville - était
arrivé à Birkenau avec le premier transport, une semaine avant nous. Lorsqu'il apprit notre arrivée, il nous fit
passer un mot disant que, choisi pour sa robustesse, il avait lui-même introduit le corps de son père dans le
four crématoire.) [...]
Les absents n'effleuraient même plus nos mémoires. On parlait encore d'eux - << qui sait ce qu'ils sont
devenus?»>- mais on se souciait peu de leur destin. On était incapable de penser à quoi que ce soit. Les sens
s'étaient obstrués, tout s'estompait dans un brouillard. On ne se raccrochait plus à rien. L'instinct de
conservation, d'auto-défense, l'amour-propre-tout avait fui. Dans un ultime moment de lucidité, il me sembla
que nous étions des âmes maudites errant dans le monde du néant, des âmes condamnées à errer à travers les
espaces jusqu'à la fin des générations, à la recherche de leur rédemption, en quête de l'oubli - sans espoir de
le trouver.
Fumées.
2 « Dehors!»> en allemand.
Commando SS chargé des exécutions de masse.
Elie Wiesel, La Nuit, 1958.​


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