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Document 1 : Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885.

Georges Duroy est un ancien soldat qui n’a plus d’argent. Il se rend chez Charles Forestier, un camarade de régiment, pour lui demander un poste dans son journal. Il s’habit élégamment pour ce rendez vous et espère ainsi faire son entrée dans le milieu parisien de la presse.

«  Monsieur Forestier, s’il vous plaît ? 

- Au troisième, la porte à gauche. >>>

Le concierge avait répondu cela d'une voix aimable où apparaissait une considé
ration pour son locataire. Et Georges Duroy monta l'escalier.

Il était un peu gêné, intimidé, mal à l'aise. Il portait un habit pour la première fois
de sa vie, et l'ensemble de sa toilette l'inquiétait.
Il la sentait défectueuse en tout, par les bottines non vernies mais assez fines cependant, car il avait la coquetterie
du pied, par la chemise de quatre francs cinquante achetée le matin même au
Louvre, et dont le plastron' trop mince se cassait déjà.
Ses autres chemises, celles de tous les jours, ayant des avaries plus ou moins
graves, il n'avait pu utiliser même la moins abîmée.
Son pantalon, un peu trop large, dessinait mal la jambe, semblait s'enrouler
autour du mollet, avait cette apparence fripée que prennent les vêtements d'oc-
casion sur les membres qu'ils recouvrent par aventure.
Seul, l'habit n'allait pas mal, s'étant trouvé à peu près juste pour la taille.
Il montait lentement les marches, le coeur battant, l'esprit anxieux, harcelé sur-
tout par la crainte d'être ridicule; et, soudain, il aperçut en face de lui un mon-
sieur en grande toilette qui le regardait.
Ils se trouvaient si près l'un de l'autre que
Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait : c'était lui-même,
reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue
perspective de galerie.
Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea mieux qu'il
n'aurait cru.
N'ayant chez lui que son petit miroir à barbe, il n'avait pu se contempler entiè-
rement, et comme il n'y voyait que fort mal les diverses parties de sa toilette improvisée, il s'exagérait les imperfections, s'affolait à l'idée d'être grotesque.



Document 2 : Cécile Daumas et Thomas Lebègue, << Petits et
grands conflits de garde-robe », Libération, 2001.

Utilisé comme outil de management et de communication,
le vêtement de travail malmène les frontières entre le privé
et le professionnel. Au quotidien, ce brouillage des repères
engendre tiraillements, petits ou grands conflits.

Code vestimentaire

Chez Zara, H&M et les autres, on aime que les vendeurs soient assortis à la ligne de vétements vendus.
Selon les chaînes, les stratégies diffèrent. Chez Gap, les employés s'babillent comme ils veulent en piochant 10 dans la collection. En revanche, chez l'espagnol Mango, le code vestimentaire est réglé comme les saisons : les tenues changent quatre fois par an, identiques dans les 500 boutiques de la plancte. Face à cette concurrence étrangère, certaines enseignes françaises tentent [15 de monter en gamme. Mode à « petits prix », Kiabi a revu l'an passé ses collections, le design de ses magasins et souhaitait, à l'occasion, rhabiller son personnel en grenat. Tee-shirt et pantalon devaient remplacer une blouse jugée « décaléc ». Ce qui devait être une 120 « démarche positive », selon la direction, a tourné a l'échec. « Ils nous imposaient une tenue mais ne voulaient pas compter le temps d'habillage dans notre temps de travail, explique la déléguée CFDT de l'entreprise Evelyne Ramirez. Or, toutes les vendeuses de chez Kiabi sont à temps partiel. Nous étions obligées de nous habiller des le matin en tenue de travail méme si nous allions accompagner les enfants à l'école. C'était une atteinte à notre liberté individuelle. » Comme la tenue ressemblait à des vétements de vieille, la direction pensait que le personnel « pouvait la porter aussi bien dans les magasins qu'à l'extérieur ». Mais face à la législation, elle a dû céder et retirer un projet estimé à 4 millions de francs par an. « Nous n'étions pas contre ce nouvel uniforme mais nous trouvions cela cher alors que nous n'avons ni treizième mois, ni ticket restau-rant. » Le directeur des ressources humaines de Kiabi, Laurent Deprat, dit comprendre : « Dans le social, on n'impose pas les choses. Il faut expliquer et prendre du temps, surtout quand on touche à l'intime, comme le vitement de travail. »

1. Quel est le rôle du vêtement dans ces documents ?
2. D’après ces documents, quelle libertés est laisser à ceux qui portent les vêtements?

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