21 jeté mon portable
SERGE QUADRUPPANI
« Je me suis approché, j'ai regardé par-dessus une
épaule et j'ai vu les images. Il y avait quelque chose
d'incroyable, une espèce d'électricité dans l'air, et cette
électricité s'est communiquée à moi, je suis resté planté là,
l'œil fixé sur le carré coloré. J'étais horrifié, j'avais mal au
ventre, à l'estomac, dans la poitrine, je sentais une sueur
sur mon front mais je regardais, je regardais, je regardais.
Je ne pouvais pas m'en empêcher, ça à duré un certain
temps, et tout à coup je me suis dit que si je regardais si
longtemps ce spectacle ignoble, c'est que je devais bien y
trouver du plaisir, au fond.
Alors j'ai détourné le regard, j'ai rencontré les yeux de
Samia, ceux de Claire, ceux d'Hélène, j'ai baissé les miens
et je me suis mis à marcher. Je me suis éloigné du
groupe, j'ai traversé la cour en direction du gymnase.
J'ai entendu Claire qui m'appelait :
- Robin !
Mais j'ai continué. »>
Un roman noir initiatique sur le refus de la violence et du
voyeurisme, sur les dangers d'une société amatrice de
sensationnalisme et de raccourcis... par l'un des grands
maîtres du polar français.