Le fait banal de la conversation quitte, par un côté, l'ordre de la violence.
Ce fait banal est la merveille des merveilles. Parler, c'est en même temps que
connaître autrui se faire connaître à lui. Autrui n'est pas seulement connu, il
est salué. Il n'est pas seulement nommé mais aussi invoqué. [...] Je ne pense
pas seulement à ce qu'il est pour moi mais aussi et à la fois, je suis pour lui.
En lui appliquant un concept, en l'appelant ceci ou cela, j'en appelle à lui. Je ne
connais pas seulement mais je suis en société. Ce commerce que la parole
implique est précisément l'action sans violence : l'agent, au moment même de
son action, a renoncé à toute domination, à toute souveraineté, s'expose déjà
à l'action d'autrui dans l'attente d'une réponse. Parler et écouter ne font qu'un,
ils ne se succèdent pas. Parler institue ainsi le rapport moral d'égalité et par
conséquent reconnaît la justice. Même quand on parle à un esclave, on parle à
un égal. Ce que l'on dit, le contenu communiqué n'est possible que grâce à ce
rapport de face à face où autrui compte comme interlocuteur avant même
d'être connu.
Vous expliquerez le texte en suivant les étapes suivantes :
Introduction : quelle est la thèse du texte? Quels préjugés ou quelles
opinions courantes remet-il en question? Quelles sont les étapes du
développement ?
Explication : vous suivrez le texte de manière linéaire en rendant compte de
la forme et du fond, c'est-à-dire en analysant la construction du texte et les
arguments qu'il propose. Vous éclairerez les passages les plus problématiques
en les reformulant et en les illustrant par des exemples.
Discussion à l'aide du texte de Lévinas et de ce que nous avons étudié en
cours ainsi que les fiches, vous répondrez à la question suivante : « La conversation exclut-elle la violence ? »