Non, citoyens, vous ne trouverez pas facilement un homme comme moi ; aussi, si vous m’en croyez, allez-vous m’épargner. Il est fort possible cependant que, contrariés comme des gens qu’un taon réveille alors qu’ils sont assoupis et qui donnent une tape, vous me fassiez périr inconsidérément en vous rangeant à l’avis d’Anytos. En suite de quoi, vous passeriez votre vie à dormir, à moins que le dieu, ayant souci de vous, ne vous envoie quelqu’un d’autre. Mais que je sois, moi, le genre d’hommes que la divinité offre à la cité en cadeau, les considérations suivantes vous permettront de vous en convaincre. Aucun motif humain ne semble devoir expliquer que je néglige toutes mes affaires personnelles et que j’en supporte les conséquences dans l’administration de ma maison depuis tant d’années déjà, et cela pour m’occuper en permanence de vous, en jouant auprès de chacun de vous en particulier le rôle d’un père ou d’un frère plus âgé, dans le but de le convaincre d’avoir un souci de la vertu. Certes, si j’en retirais un profit, si je recevais une rémunération pour les conseils que je vous donne, ma conduite aurait un sens. Mais non, et vous le voyez bien vous-mêmes, mes accusateurs, qui ont eu l’effronterie d’amasser contre moi tant d’autres griefs, se sont trouvés impuissants à pousser leur effronterie au point de produire un témoin qui atteste qu’il m’est arrivé d’exiger ou de solliciter une rémunération. En effet, il me suffit, j’imagine, de produire le témoin qui atteste que je dis vrai : c’est ma pauvreté. Platon, Apologie de Socrate Répondez aux questions suivantes :
1 . repérez la thèse et le plan du texte
2. Comment Socrate se juge t'il lui-même?
Et quel est son argument pour valider cela?
3. Repérez deux métaphores dans le texte et expliquez-les?