« Lorsque les frimas s'éloignent, je m'en aperçois à peine : le printemps passe, et ne m'a pas
attaché ; l'été passe, je ne le regrette point. Mais je me plais à marcher sur les feuilles tombées, aux
derniers beaux jours, dans la forêt dépouillée.
D'où vient à l'homme la plus durable des jouissances de son cœur, cette volupté de la mélancolie,
ce charme plein de secrets, qui le fait vivre de ses douleurs et s'aimer encore dans le sentiment de sa
ruine ? Je m'attache à la saison heureuse qui bientôt ne sera plus : un intérêt tardif, un plaisir qui
parait contradictoire, m'amène à elle lorsqu'elle va finir. Une même loi morale me rend pénible
l'idée de la destruction, et m'en fait aimer ici le sentiment dans ce qui doit cesser avant moi. Il est
naturel que nous jouissions mieux de l'existence périssable, lorsque, avertis de toute sa fragilité,
nous la sentons néanmoins durer en nous. Quand la mort nous sépare des choses, elles subsistent
sans nous. Mais, à la chute des feuilles, la végétation s'arrête, elle meurt ; nous, nous restons pour
des générations nouvelles : l'automne est délicieux parce que le printemps doit venir encore pour
nous. »>>
ce texte relevez les éléments qui appartiennent au registre
romantique