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Ir.
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J
Beaucoup d'éléments, de scènes, de paroles entendues dans mon enfance se sont mis
à émerger par le sens qu'ils avaient et que je découvrais. C'était comme si je vivais mon
enfance après l'avoir vécue, tout à coup ma vie prenait de l'épaisseur, de la profondeur
parce que je voyais des choses que je n'avais pas pu voir au moment où je les vivais, qui
n'avaient pas eu d'existence dans ma conscience. Des journées, des heures entières se
mettaient à exister, elles étaient arrachées au néant. Retour à Reims et les rares livres
du même ordre, semblent avoir une capacité à rallonger la vie, d'une façon quasi
magique ; une enfance sur laquelle je n'aurais eu que quelques mots à dire devenait
beaucoup, beaucoup plus longue à raconter que ce je n'aurais jamais pu imaginer. Je
restitue dans mon premier roman, celui justement que j'ai dédié à Didier Eribon,
comment, dans mon enfance, entre 11 et 13 ans, tous les jours au collège deux garçons
m'attendaient dans un couloir pour me cracher dessus et me traiter de « pédé » : à
l'époque, je pensais que cette situation, ces crachats qui coulaient sur mon visage
étaient simplement dus au fait que ces garçons me haïssaient personnellement à cause
de mon homosexualité, ou que leur comportement s'expliquait par une forme de
méchanceté personnelle.

Contraction de texte

Sagot :

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