Je lui avais fait une tête avec un chiffon vert que j'ai roulé en boule autour du manche, et un visage sympa avec un sourire et des yeux ronds, avec le rouge à lèvres de Madame Rosa. C'était pas tellement pour avoir quelqu'un à aimer mais pour faire le clown, car j'avais pas d'argent de poche et j'allais parfois dans les quartiers français, là où il y en a. J'avais un pardessus trop grand qui m'arrivait aux talons et je mettais un chapeau melon. Je me barbouillais le visage de couleurs et avec mon parapluie Arthur, on était marrants tous les deux. Je faisais le rigolo sur le trottoir et je réussissais à ramasser jusqu'à vingt francs par jour, mais il fallait faire gaffe parce que la police a toujours un oeil pour les mineurs en liberté. Émile Ajar, La Vie devant soi, O Éd. Mercure de France. a. Quelle impression se dégage d'Arthur? Par quel adjectif le narrateur le qualifie-t-il? b. Quels détails font des deux personnages de véritables clowns? c. Transforme, en le personnifiant, ton animal ou un objet que tu aimes bien. Donne-lui une personnalité.