ETUDE COMPAREE DE DEUX DESCRIPTIONS: DES ATELIERS DE PEINTRE
Texte A: Extrait de Balzac, Le Chef d'oeuvre inconnu, p. 13, « Porbus s'inclina
respectueusement... » à p. 15 « ... aux jours de sa misère. >>
Texte B: Extrait de Zola, L'oeuvre, chapitre I
Christine, une jeune provinciale égarée à Paris, vient d'être recueillie par Claude Lantier, un
peintre. Elle deviendra son modèle, lui donnera un enfant, l'épousera, mais, vaincu par l'art,
Claude se suicidera et Christine tombera dans la folie.
L'atelier, il est vrai, continuait à l'effarer un peu. Elle y jetait des regards prudents, stupéfaite
d'un tel désordre et d'un tel abandon. Devant le poêle, les cendres du dernier hiver
s'amoncelaient encore. Outre le lit, la petite table de toilette et le divan, il n'y avait d'autres
meubles qu'une vieille armoire de chêne disloquée, et qu'une grande table de sapin,
encombrée de pinceaux, de couleurs, d'assiettes sales, d'une lampe à esprit-de-vin, sur
laquelle était restée une casserole barbouillée de vermicelle. Des chaises dépaillées se
débandaient parmi des chevalets boiteux. Près du divan, la bougie de la veille traînait par
terre dans un coin du parquet, qu'on devait balayer tous les mois; et il n'y avait que le coucou,
un coucou énorme, enluminé de fleurs rouges, qui parut gai et propre, avec son tic-tac
sonore. Mais ce dont elle s'effrayait surtout c'était des esquisses pendues aux murs, sans
cadres, un flot épais d'esquisses qui descendait jusqu'au sol, où il s'amassait en un
éboulement de toiles jetées pêle-mêle. Jamais elle n'avait vu une si terrible peinture,
rugueuse, éclatante, d'une violence de tons qui la blessait comme un juron de charretier,
entendu sur la porte d'une auberge. Elle baissait les yeux, attirée pourtant par un tableau
retourné, le grand tableau auquel travaillait le peintre, et qu'il poussait chaque soir vers la
muraille, afin de le mieux juger le lendemain, dans la fraîcheur du premier coup d'oeil. Que
pouvait-il cacher celui-là pour qu'on n'osât même pas le montrer ? Et, au travers de la vaste
pièce, la nappe de brûlant soleil, tombée des vitres, voyageait, sans être tempérée par le
moindre store, coulant ainsi qu'un or liquide sur tous ces débris de meubles, dont elle
accentuait l'insoucieuse misère.
Après avoir lu les deux extraits, comparez les descriptions en répondant à ces
questions sous forme de tableau.
1. Comment la description s'organise-t-elle ? Quel est le point de vue adopté ?
2. Comment la description acquiert-elle une dimension picturale ?
3. Que révèle la description sur l'artiste peintre ? sur celui qui décrit ?